mardi, octobre 31, 2006

La catastrophe (Partie 2)

Je restais planté là sans bouger à le regarder et sans dire un mot. Je ne comprenais plus rien pour en avoir le corps et l`esprit figés comme un bloc de glace. Voilà à peine quelques heures, le grand-père planait encore dans cette frontière entre la vie et la mort pour dès lors se débattre comme un démon emprisonné dans un Tabernacle sacré. Que s`était-il passé? Étais-je victime d`un mirage, d`une hallucination due à la fatigue? Je tentais de trouver des réponses à mes questions quand pour le voir de nouveau s`agiter dans tous les sens comme un singe, puis ingurgiter rapidement le contenu d`une autre bouteille de bière à même le goulot, je ne mis pas longtemps à tergiverser pour prendre la poudre d`escampette vers la vieille maison blanche où se trouvait sans doute Jacinthe.

Derrière la porte de la cuisine, le nez collé à la fenêtre comme un épieur, je me rendis compte que le tableau n`était guère plus réjouissant à la vue. Les casseroles et les ustensiles revolaient de tous bords tous côtés. Voulant à tout prix m`enquérir de cette situation qui était tout à fait anormale, je me risquais à y pénétrer. Je ne reconnaissais plus ma mignonne. Face à son comptoir, les cheveux en bataille et la robe de chambre en guenille, je crus un instant que ma Cendrillon eût passé à tabac par Javotte et Anastasia. J`étais convaincu que le diable avait perturbé la quiétude de la maisonnée.

Sur le coup, pour la première fois depuis mon installation à la campagne, je regrettais la tranquillité de l`appartement familial situé sur la rue Orléans, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de Montréal, même si, je demeurais fortement attaché à mes nouveaux amis paysans. Sans plus tarder, la peur m`envahissait de nouveau. Voyant ma belle démoniaque manipuler dangereusement un long couteau pointu pour le lancer adroitement dans le coeur d`une énorme citrouille, je m`élançais agilement comme un chat sous la table pour m`y cacher. Ne pouvant plus tolérer ce branle-bas de combat, je m`empressais d`hurler: «Haaaa! Mais quelle mouche vous a piqué?».

(à suivre...)

Le Chat botté,

lundi, octobre 30, 2006

La catastrophe

Je venais tout juste de tomber comme une pierre dans mon lit qu`aussitôt la sonnerie du téléphone retentissait bruyamment à mes oreilles. Raqué comme une barre de fer pour avoir la veille, déambuler comme un damné dans l`obscurité d`une forêt, froide et humide, il m`était pratiquement impossible de bouger malgré ma volonté. Mais, à force de me démener comme un marteau-pilon à la cadence d`une locomotive pour tenter de décrocher le combiné que je réussissais à prendre la communication après avoir roulé en bas de ma couchette complètement entortillé dans mes couvertures.

À l`autre bout du fil quelqu`un balbutiait rapidement des mots de détresse qui me semblaient incohérents. Il était vrai qu`à ce moment-là, ma tête était sur le bord d`exploser comme un maïs soufflé baignant dans l`huile chaude. Alors que je cherchais à reprendre mes esprits qu`immédiatement je reconnus la voix de Jacinthe: «Minou! Minou! ...Viens vite à la ferme, Grand-Papa pète les plombs...». Dès lors redressé comme un nigaud, je me dépêchais de me libérer de mon carcan afin de retrouver ma mignonne qui me semblait, encore une fois, elle aussi sur le point de craquer...

Dans ma hâte, j`avais oublié d`enfiler de chauds vêtements pour me protéger d`un froid de canard. Nerveux et angoissé, j`étais perturbé comme un appareil de mesure déréglé. Cet appel eut sur moi l`effet d`un électrochoc! Courant vers la ferme des Lamoureux, je n`avais même pas pris conscience qu`à cet instant, je foulais un sol gelé légèrement recouvert d`une première neige. La fale à l`air dans des habits de nuit, une ou deux orteilles égarées à travers de vieilles pantoufles, seul mon coco était réellement protégé d`une casquette à rabats en poils de lapin.

Arrivé devant la porte entrouverte de la "ched" à outils, j`étais estomaqué par ce que je vis et entendis. Le vieux fermier se déchaînait comme un torrent embrasé que rien ni personne ne pouvaient arrêter. De sa bouche ne sortaient qu`obscénités, insultes et blasphèmes accompagnés de crachats répugnants. Les poings brandis vers le ciel et tournant en rond pour parfois donner des coups de pied dans le vide, jamais je ne l`avais vu dans un tel état. Il me semblait en furie. Soudainement, je sentis quelque chose frôler de près ma casquette pour qu`elle se renverse sur le sol. Sans la voir venir, une bouteille de bière survolait ma tête comme un projectile pour se fracasser en mille morceaux derrière moi. Dans un excès de colère, le grand-père était complètement déboussolé.

(à suivre...)

Le Chat botté,

samedi, octobre 28, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 7)

La chouette s`était déposée agilement comme un fantôme sur une branche tordue à l`horizon d`un quart de lune. Bien agrippée dans la chair de l`arbre, elle me repéra aisément grâce à ses yeux grands, ronds et perçants. J`avais la conviction qu`elle se prévalait avec impudicité, un droit de regard sur le jardin secret de ma grande pusillanimité... Devant cet ange révolté, je me sentais dépourvu, mis à nu. Mais, pour me douter que je vivais mes derniers moments pour mourir bientôt comme un innocent agneau sur l`autel de la croix, dans mon inertie, j`admirais encore une fois le firmament qui s`était soudainement éclairci. À ce moment-là, il me paraissait plus beau que jamais. Comme un cadeau du ciel, tout scintillait de mille feux dans un fondement bleuté.

Étant contemplatif et empreint de sérénité pour en saisir l`esprit de ces lieux, un autre craquement sinistre résonnait subitement tout près de moi pour que je quitte dès lors mon état de béatitude. Mais, à peine n`eus-je le temps de prendre conscience du danger que je courais pour trembler à nouveau de la guibolle qu`aussitôt un cerf de Virginie au panache grandiose apparaissait devant moi en lisière de la clairière. Alors qu`il s`avançait lentement avec hésitation tout en agitant nerveusement sa queue et ses longues oreille, je m`émerveillais devant sa puissance, sa grâce et sa délicatesse que sont ses attributs. J`étais aussi impressionné qu`un p`tit cul incrédule devant son précieux G.I. Joe!

Dès lors détendu et sécurisé comme si je me retrouvais dans les bras d`un être cher, je compris à cet instant que je pouvais être à la fois fort et délicat de nature comme cette créature aux yeux doux entourés d`un halo blanc. J`étais un homme qui pouvait vivre des sentiments de peur et de tristesse sans que ma virilité en soit atténuée pour toujours. Ces peurs qui minaient alors ma vie m`étaient devenues révélatrices d`une forme de vie créatrice. De par leurs contacts dans un environnement hostile et en les surmontant, je refaisais ma vie en décelant mes faiblesses et en redécouvrant mes forces. J`avais réussi à combatre le malin génie qui s`était caché en moi pour retrouver la paix. Je fixais toujours cet animal bienfaisant quand, après s`être incliner la tête avec adresse comme un serviteur devant son maître, il bondissait avec souplesse et de façon élégante parmi des arbustes pour s`en retourner d`où il venait.

Le soleil ne tardait pas à se lever au chant du coq. Et, dès que je pus discerner mon paysage parmi les ombres de l`aurore, je reconnus non loin le sentier pédestre situé tout près de la limite de mon terrain. Sapristi! J`avais déambuler tout ce temps pour me retrouver malgré moi tout près de mon point de départ... Cependant, même si cette forêt me fut tantôt gourmande pour être par la suite généreuse, je me remémorais la raison pour laquelle je m`eus égaré. Je n`avais toujours pas retrouvé "Billy", mon chaton. Fatigué pour mourir, je décidais néanmoins d`aller me coucher pour poursuivre ultérieurement les recherches quand, au pied de ma colline, je vis "Clifette" courir vers moi la gueule grande ouverte et la langue pendante suivi de loin par mon p`tit fugueur aux poils ébouriffés. Une nouvelle journée d`automne commençait...

Le Chat botté,

jeudi, octobre 26, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 6)

J`étais anéanti. Le coeur battant à tout rompre pour le sentir sur le point de céder, le souffle court presque inexistant, je cherchais désespérément à sortir de ma cachette. L`air était saturé d`eau glacée. C`était frette en tabarslak! Tous les poils de mon corps s`étaient instantanément dressés à l`unison, ma peau s`était tendue et tous mes muscles s`étaient crispés. Ayant de la difficulté à me lever pour avoir les jambes barrées, je me déplaçais à quatre pattes comme un poupon dans l`obscurité totale sur un tapis de cailloux, de racines et de végétations pourrissantes.

Après avoir déambuler quelques instants de peine et misère parmi des p`tites bestioles qui grouillaient de partout sous mon corps, je remarquais tout près devant moi une clairière s`illuminer soudainement par une lueur lunaire. Me dirigeant lentement vers ce lieu prodige afin de ne pas attirer l`attention une fois de plus que je fus, malheureusement, aussitôt atterré par une volée de chauves-souris qui voltigeaient au-dessus de ma tête pour s`esquiver d`un coup. Dans l`espace de quelques secondes, je crus décamper dans un tourbillon maléfique... Heureux qu`elle ne furent pas des vampires! Néanmoins, je restais sain et sauf dans ma galère.

Debout au milieu de cet endroit dégarni et lugubre, une vapeur immaculée se dérobait à la surface du sol pour délicatement m`enrouler de son ombre comme un voile transparent de soie. À cet instant, je me sentais léger comme une poussière d`étoile, mais par pour longtemps. Car, à peine n`eus-je le temps de goûter le néant que quelques souffles rauques et craquements aux sinistres échos virent de nouveau troubler mon esprit. Dans un état d`étrange abandon, je m`imaginais dépossédé de tous mes biens, y compris de mon corps. Je me peinais de ne pouvoir saluer une dernière fois mes amis et de leur dire combien je les aimais.

Toujours debout et immobile, les bras bien serrés contre ma poitrine comme un accusé innocent et vulnérable devant l`imputabilité d`un tribunal suprême, je demeurais tragiquement fragile de par mes peurs d`agression et d`envahissement qui ne se sont jamais refermées depuis ma tendre enfance. Confronté dans ma solitude avec cet âme inconnue dissimulée en moi-même, j`attendais le dénouement de ma souffrance lorsqu`une chouette effraie au plumage très pâle irradiait la clairière qu`elle survolait à une vitesse extraordinaire.

(à suivre...)

Le Chat botté,

mercredi, octobre 25, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 5)

Alors abandonné à moi-même dans ce trou à rat, je sentis rapidement la peur m`envahir. J`eus l`impression de nager dans les eaux troubles sans bouée de sauvetage. Tremblant comme un mouton et inondé d`une sueur froide, je me recroquevillais dans le creux d`un tronc d`arbre en serrant fort de mes bras mes genoux sur ma poitrine. Je tentais de faire le vide en moi par peur de basculer dans l`horreur d`une panique incontrôlable. Mais, c`était inutile! Car, je me sentais déjà habité par une âme inconnue qui me rendait peu à peu étranger à mon corps.

Aucun bruit ne venait troubler mes oreilles fragiles sinon le vent qui sifflait ses plaintes confuses. Même si j`étais tendrement enveloppé dans la douceur d`un lit de mousse prodigieuse installée à l`intérieur de ce tronc, je tentais de garder l`esprit pour demeurer alerte. Mais, voyant que je résistais toujours pour combattre comme un condamné à mort qui refuse de mourir sous la main agile d`un bourreau, un malin génie s`amusais à mes dépends. Sans que je le veuille, des pensées venaient cruellement me troubler. Je revivais alors cette angoisse dévastratrice que je ressentais étant gamin seul dans le noir de ma chambre où je me persuadais fermement de la présence d`un monstre infâme, laid et dangereux sous ma couchette qui venait me terrifier que par simple plaisir.

Le temps me semblait s`éterniser ou ne plus être. Les yeux fermés, je m`efforçais de chasser à jamais ces horribles pensées en me remémorant de bons moments passés en compagnie de mes amis, Lancelot et Jacinthe, quand pour en déchirer cette quiétude d`un semblant réconfort, un hurlement de tous les démons se fit entendre. N`étant plus capable de garder les yeux clos, la surprise me forçant à les ouvrir grands et ronds que j`aperçus devant moi, à peine quelques doigts de ma carcasse bonne à dévorer, deux yeux en amandes jaunâtres d`une bête qui m`observait sournoisement dans un brouillard devenu tragiquement dense. Je ne pouvais distinguer ses formes pour me faire une idée de sa nature. Cependant, son souffle pestilentiel et son bruit sourd et menaçant d`arrière-gorge m`anéantissaient sur le coup pour que toutes mes fonctions vitales en soient troublées sous l`effet d`un choc émotionnel intense.

J`étais convaincu que mon heure avait sonné. Quelqu`un avait cassé le sablier de ma vie! En prêtant l`oreille avec effroi sur le déplacement de cette chose redoutable tout autour de moi, par sa respiration haletante et le bruissement délicat de ses coussinets plantaires sur les végétaux défraîchis jonchant abondamment le sol, j`attendais avec stupeur le coup de grâce de sa gueule sans doute béante aux crocs acérés.

(à suivre...)

Le Chat botté,

mardi, octobre 24, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 4)

Je ne voulais me convaincre de l`inévitable par peur d`être affligé d`une blessure inguérissable. Accroupi comme un tailleur, je l`appelais sans relâche. Mais, toutes mes tentations demeuraient veines même si je restais accroché à l`envie de le caresser de nouveau dans mes bras. Il me semblait ne plus y avoir un brin de vie sous la fougère. La gorge nouée et le coeur serré, j`éprouvais d`abord de la colère envers ce chaton salutaire. Par la suite, dès lors trahi par son départ prématuré, je me rendais coupable de l`avoir laissé gambader librement dans cette forêt dangereuse regorgeant de prédateurs plus terrifiants les uns que les autres.

Pour ressentir subitement des fourmis dans les jambes, je devais inévitablement me faire à l`idée de sa mort. J`avançais lentement sur la pointe des pieds pour ensuite écarter délicatement de mes mains les longues frondes, pennées et dressées à la retombante, et à mon grand soulagement, je constatais qu`il s`agissait de la carcasse d`un jeune renard commun. Tout en reprenant mon sang-froid malgré cette triste découverte, je me persuadais moi-même de retrouver mon ami, sain et sauf.

Il faisait de plus en plus sombre et de plus en plus froid. Une brume légère, opaque et humide à me donner des frissons s`élevait subtilement du sol. Tantôt surexcité pour halener toutes les odeurs sur son passage, mon chien se faisait dès lors discret pour me talonner de prêt... Déambulant comme une chimère recherchant inlassablement l`objet de sa convoitise, j`étais désormais désemparé comme un gamin perdu. Sans plus de points de repères, la forêt se fit gourmande. Seuls avec mon cabot poltron, nous étions les étrangers dans un monde inconnu et mystérieux.

Ni voyant plus rien pour me retrouver dans le fond de la gueule d`un loup, je me risquais tout de même à me déplacer tout en taponnant maladroitement de mes mains tous les objets dont je ne pouvais discerner. Mais, m`ayant hasardé que d`une semelle, je trébuchais sur une souche d`arbre pour aussitôt me retrouver allongé sur mon plat ventre, la bouche immaculée de terreau au goût insipide. Sur le coup, pour me dresser les cheveux sur la tête, j`entendis un tumulte de longs gémissements, de grognements et de cris aigus retentissant de toute part et s`élevant jusqu`au ciel obscur à la noire épouvante. Au même moment, mon chien "Cliffette" déguerpissait au loin. «Reste icitte, maudit clebs!», lui criais-je à gorge déployée.

(à suivre...)


Le Chat botté,

lundi, octobre 23, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 3)

D`un pas à l`autre dans cette étendue boisée, devenue rapidement dense et impénétrable, je furetais partout le moindre indice de sa présence tout en demeurant circonspect du regard sur les descentes abruptes, les trous dissimulés par la végétation et les cadavres d`arbres au ras du sol. L`humus et les feuilles mortes m`exhalèrent discrètement leur parfum suave sous mon nez. En repoussant avec précaution les branches sèches à la base d`un tronc d`épinette, l`une d`elles se fracassait d`un coup pour résonner comme un tir de carabine. Par ma faute, j`avais rompu involontairement le silence et la quiétude si particuliers en ce lieu.

Immédiatement, afin de m`avertir de mon insouciance maladroite, un minuscule écureuil roux dégringolait aisément de cet arbre pour s`arrêter sur une branche juste au-dessus de ma tête. Avec ses yeux noirs furibonds, il me poussait, promptement de sa petite gueule entrouverte, des "Tchic, Tchic, Tchic" constants et aigus tout en tambourinant nerveusement de ses pattes arrières. Je le regardais, un instant, se démener comme un petit diable pendant que mon chien lui obtempérait vivement ses objections. Mais, m`apercevant que la lumière du jour se tamisait tragiquement comme la tombée d`un rideau de théâtre, je faisais fi de ses admonestations par un geste de la main pour le moins invocateur et, je poursuivais inlassablement mes recherches. Je devais retrouver mon "Billy", advienne que pourra!

Seul avec mon fidèle ami parmi cette nature regorgeant de vie, je ne tardais pas à faire la rencontre d`une autre créature des bois. Tout en foulant le sol d`un doux et spongieux tapis de lichens entre des roches Laurentiennes, d`un grisâtre un peu rose aux surfaces arrondies, je fus distrait, cette fois-là, par le martellement d`un Grand pic mâle à la crête rouge écarlate. Bien accroché à la verticale sur le fût d`un bouleau, il s`acharnait avec une opiniâtreté étonnante sur les fruits de ses fouilles. Observant avec stupéfaction les débris de bois virevolter lentement vers le sol comme de gros flocons de neige, je me ravissais immédiatement d`une découverte inattendue. Au pied du tronc se trouvait le collier rouge clair de mon chat et sur lequel son nom y était gravé. Alors rassuré d`être dans la bonne voie, sans plus tarder, je progressais plus profondément entre les arbres longs et serrés.

Tenant précieusement cet indice dans ma main comme une relique, je gardais espoir tant que je n`étais pas certain de faire fausse route. Comme un fauve en quête de nourriture, tous mes sens étaient aux aguets. Les oreilles bien tendues et les yeux grands et ronds, je demeurais alerte quand, par malheur, je remarquais devant moi, au loin dans un chemin tracé parmi des herbes basses, une petite créature à la fourrure rousse, étendue sur le sol sous une fougère à l`autruche. Elle me semblait inerte comme une pierre. J`avais le souffle coupé. Encore une fois, totalement angoissé, je me laissais envahir par des idées morbides à me donner des sueurs froides...

(à suivre...)

Le Chat botté,

dimanche, octobre 22, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 2)

J`étais terrifié à l`idée de le perdre sous les dents acérées comme des rasoirs d`une créature diabolique. Outre "Cliffette", mon grand chien Labrador, ce chaton, avec son doux pelage tigré roux aux rayures plus foncées descendant tout le long de sa colonne vertébrale, était mon seul salut par de longues et froides soirées d`automne. Ayant pris l`habitude de le caresser de la tête à la queue plusieurs fois par jour que déjà ses frôlements sur mes jambes et ses ronronnements apaisants me manquaient pour me torturer dans mes pensées. Sans plus tarder, je décidais donc de partir à sa recherche en compagnie de mon fidèle ami.

Dans la luminosité crue d`un ciel bleu azur annonçant l`arrivée de l`hiver, je remarquais que mes érables, peupliers et noyers n`égayaient plus depuis peu ma colline bucolique des teintes du jaune, de l`orange et du rouge. Ils étaient tous désormais décharnés de leur atour pour n`afficher que des silhouettes taciturnes et alarmantes aux formes angulaires et squelettiques. Seuls les bouleaux sinueux, à l`écorce blanche, lisse et brillante, et les sapins verdoyants venaient adoucir ce paysage lugubre et cauchemardesque. Sur un vent en rafale, les feuilles mortes tombées sur le sol tourbillonnaient de bonheur à mes pieds avant de disparaître à jamais sous un épais manteau blanc.

Le souffle du Nord venait tout juste de se lever que déjà j`avais le bout du nez gelé. C`était un tantinet frisquet! Mais, tenaillé par une angoisse terrible, je poursuivais mes recherches pour en vain soulager mes inquiétudes. C`est en suivant son chemin, celui-là même dont il avait l`habitude de sonder aux pattes de velours tous les jours comme un maître sur sa plantation, que j`entendis un second miaulement en lisière de la forêt. Avec des sifflements sinistres dans la cime des épinettes, ce miaulement me semblait cependant moins distinctif que le premier. Néanmoins, ne voulant écarter aucune piste, je m`empressais de m`y rendre précédé de mon chien qui était déjà aux pas de course avec la queue en l`air et les oreilles au vent. Pour le voir bondir sur ses pattes arrières comme une puce affolée derrière une touffle de verdures folles, aussitôt j`aperçus une perdrix grise à la face rousse s`envoler subitement avec fracas pour de justesse échapper aux crocs d`un cabot enjoué... Déçu de m`être trompé que le temps d`un long soupir, je pénétrais plus en profondeur dans le sous-bois en espérant retrouver l`objet de ma tendresse.

(à suivre...)

Le Chat botté,

samedi, octobre 21, 2006

Perdu dans ma tourmente

Voilà deux jours que je passais mes journées entières à m`occuper sur la ferme des Lamoureux. Afin de permettre à ma mignonne de récupérer le plus rapidement possible de son état lamentable à me faire pleurer comme un gamin perdu, je la remplaçais dans ses corvées quotidiennes. Lancelot s`était spontanément offert pour me donner un coup de main.

Tôt le matin, en arrivant, je nourrissais les animaux, veillais à leurs soins et après quoi, je nettoyais l`étable pendant que mon pote trayait les mamelles des vaches. Sans pour en être convaincu, tout me semblait rouler comme sur des roulettes! Par la suite, je concoctais pour tous de bons repas à la marmithe avec des aliments consistants et pleins de santé. Ragaillardi, le grand-père, qui n`était plus cloué à son lit par la maladie, ne rechignait jamais une deuxième grande assiette, bien remplie jusqu`au rebors, sous le regard enjoué de Jacinthe et de Lancelot. Pour prêter l`oreille aux gargouillements de son ventre, j`avais la quasi certitude que le sympathique vieux fermier ne se privait de rien!

Le soir venu, juste avant le coucher du soleil, après m`être rassuré du bien-être de chacun, je m`en retournais chez moi sur la colline quand, j`aperçus "Billy", mon chaton, quitter le pâturage des Lamoureux pour traverser lentement l`effroyable route de campagne parsemée de petits cadavres. Surpris qu`il se soit aventuré si loin de son chez-soi, je tentais de l`attirer par de doux sifflements rappelant ceux d`une souris en rut, mais peine perdue! Le p`tit fugueur s`arrêta un instant pour me regarder, agita nerveusement sa queue, puis poursuivait nonchalemment son chemin. Peut-être me faisait-il la tête pour l`avoir un tant soit peu abandonné? Quoi qu`il en soit, pour ressentir aussitôt un frisson qui roulait tout le long de mon échine, je me dépêchais de rentrer chez moi afin de me réchauffer.

Avant de rentrer pour m`évacher comme un pacha devant un doux, chaud et crépitant feu de bois, les doigts de pieds en éventail dans l`âtre du grand foyer, j`en profitais pour m`approvisionner de quelques bûches d`érable quand, pour me faire frémir de peur, j`entendis un tapage infernal venant des profondeurs du sous-bois. Immédiatement, je vis une volée de petits oiseaux s`élever dans le ciel. Parmi les bruits de battements d`ailes et des gazouillements, j`aurais cru entredre un mélange de cris, de gémissements et de grognements. Un dragon à sept têtes crachant tous les démons de ses entrailles ne m`aurait pas autant fait sursauter! Puis, un silence de mort planait sournoisement pour m`inquiéter... J`attendis quelques instants comme pour me rassurer, les sens aux aguets, lorsqu`un miaulement rauque et aigu me transperçait les oreilles. Aussitôt, je reconnus le cri de détresse de ma p`tite boule d`Amour.

(à suivre...)

Le Caht botté,

mercredi, octobre 18, 2006

Le vieux fermier n`était pas complètement mort! (Partie 3)

Me tenant droit comme un échalas dans le seuil de la porte de la maison des Lamoureux, je regardais Lancelot d`un oeil curieux et sondeur. Son visage demeurait froid et implacable. Je compris alors le sérieux de son attitude sans toutefois me douter de l`étendue des conséquences. Aussitôt, il sortit de sa poche un bout de papier plié et m`informait qu`il avait reçu les résultats des analyses d`échantillonnage de grains provenant des cultures de la ferme. Je le dévisageais toujours impatiemment quand, pour être contraint comme un prisonnier, il poussa un long soupir avant de me dire: «rien n`est valable pour les standards élevés du marché biologique ni même pour nourrir les animaux de l`étable durant l`hiver à venir!».

Immédiatement, mes bras tombèrent inertes. Je compris alors que toutes les récoltes avaient été contaminées! Comment Jacinthe qui, déjà fortement bouleversée, allait-elle surmonter cet obstacle? Je savais de par ses dires, qu`en surplus d`être malade, le grand-père était grandement endetté et qu`il travaillait comme un forcené du matin au soir pour presque rien, juste de quoi survivre gentiment...

Agité pour en avoir le vertige, je cherchais désespérément une chaise pour m`y reposer. Je restais un moment accoudé sur la table de la cuisine, tenant ma tête à deux mains, quand je remarquais sous mes yeux une offre d`achat pour la ferme. Pour me douter que le vieux fermier était entre le ciel et la terre, des salopards, sans scrupules, n`hésitaient pas un seul instant à profiter de la situation pénible et cruelle...

Cette deuxième mauvaise nouvelle eut sur moi une onde de choc, à un tel point que je n`arrivais plus à me contrôler. C`était sans doute ce torchon qui mit Jacinthe dans tous ses états. Comme un chien fou qui court après sa queue, je maudissais à tue-tête tous les escrocs de la terre. Immédiatement, mon pote agronome m`empoigna pour me saisir et me dit: «c`est pas en te défoulant comme un abruti que tu vas régler tous les problèmes...». Avec son regard paternel et sa voix ferme, il était le seul à pouvoir me calmer quand j`étais en colère. À bout de nerfs et la tête baissée, une larme ne tardait pas à s`échapper pour couler doucement sur ma joue.

Soudainement, j`entendis résonner partout dans la maison un bruit de pas comme si quelqu`un à la jambe de bois s`apprêtait à surgir de nulles part. À peine n`eus-je le temps de faire un demi-tour de tête que monsieur Lamoureux apparaissait devant moi, toujours suspendu à son long bâton tordu. Même s`il arborait un visage à l`aspect cadavérique d`un fantôme, le vieux fermier n`était pas complètement mort. Il y avait dans ses yeux une lueur d`espoir. Puis, sans plus tarder, comme le prophète Mahomet, il brandissait sa main en col de cygne dans les airs et invoquait le Seigneur de lui donner encore la force de combattre avec ténacité et courage les coups bas que la vie lui imposait toujours.


Le Chat botté,

dimanche, octobre 15, 2006

Le vieux fermier n`était pas complètement mort! (Partie 2)

J`étais bouleversé! Jamais, je ne vus Jacinthe dans un tel état. Son corps nu et sans défense sous une robe de nuit en mousseline bleu ciel m`inspirait quelque chose de rare. Je la reluquais silencieusement, la bouche grande ouverte et la langue pendante, pendant qu`elle déambulait quand le klaxon strident d`un camion me ramenait brutalement à la réalité. Sur la route de campagne vers laquelle ma choupette se dirigeait sans détour, une excavatrice roula à vive allure. Aussitôt, je laissais tomber le balai sur lequel je m`appuyais pour m`élancer aux pas de course vers ma belle misérable. Je n`eus juste le temps de l`agripper par le bras avant qu`elle se retrouve sous les roues du mastodonte!

J`étais hors d`haleine et mon coeur battait à coups pressés. Je m`affolais comme un tourbillon de rivière avorton. Debout et immobile devant moi, elle me semblait ailleurs, inaccessible, froide et pleine de démons. En la ramenant vers la maison, je me demandais ce à quoi elle avait pensé. Tout d`un coup, sans crier gare, elle poussa un éclat de rire hystérique pour me faire dresser les cheveux. La tenant par la main, je sentais toute la foudre en elle qui la terrassait. Ses ongles bien encrés dans ma chair, je criais en silence ma douleur. Désemparé comme un enfant perdu, je tentais de la raisonner, mais en vain. Ma mignonne avait perdu l`esprit!

Si devant la porte de l`étable, elle m`eut involontairement excité d`un plaisir éruptif, dès lors, elle me faisait un peu peur... Je la regardais s`agiter comme un diable dans l`eau bénite pendant qu`elle me tenait toujours la main dans la sienne. Mon bras, avait doublé de volume en l`espace de quelques secondes, pour être secoué brusquement de tout bord et de tout côté. Heureusement pour moi, que son autre main ne me menaçait pas d`un long couteau pointu et affilé! Puis, sans m`en attendre, à bout de souffle, ma belle démoniaque s`affaissait à mes pieds dans l`herbe sèche et dorée pour ne plus bouger.

De retour dans sa maison, je la déposais délicatement sur son lit. Elle était toujours inconciente. Soudainement, un rayon de soleil perça le ciel ennuagé pour illuminer sa chambre. J`observais tendrement son visage endormi. Malgré la beauté de ses traits divins, comme un papillon au couleurs de nuit, elle me semblait planer au-dessus d`une vallée profonde et obscure.

Instantanément, une chaleur m`assaillait pour me suffoquer. L`air de la petite pièce s`était considérablement réchauffé. J`entrouvris doucement la fenêtre de bois pour respirer à pleins poumons une légère brise d`automne quand, sous mes yeux ébahis, j`aperçus Lancelot marcher lentement dans le chemin de la ferme, le dos légèrement arrondi vers l`avant, les mains dans les poches de sa veste de jeans et la casquette à palette retournée. À cet instant, je me dépêchais de le retrouver pour l`avertir du tragique événement.

(à suivre...)

Le Chat botté,

vendredi, octobre 13, 2006

Le vieux fermier n`était pas complètement mort!

Le temps était de nouveau maussade et pluvieux. J`en étais lasse d`être trempé dès que je me pointais le bout du nez sous un ciel gris et d`avoir les lunettes embuées parce que, de jour en jour, les degrés de chaleur ne cessaient de dégringoler comme un rocher en bas d`une montagne.

Tous mes amis paysans vaquaient à leurs occupations respectives. Jacinthe prenait soin de son grand-père convalescent, Lancelot, mon pote agronome, s`affairait encore dans les champs du matin au soir et Rocky, qui seul à faire l`élevage d`une vingtaine de vaches, était trop débordé pour me recevoir, ne serait-ce que pour piquer un brin de jasette. Alors, avant de broyer du noir pour me transformer en un loup-garou terrifiant, je décidais de faire une randonnée en voiture sur les routes encore colorées de ma campagne.

J`espérais ainsi me libérer de mes pensées moroses, mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Car, en quittant ma colline pour passer devant la ferme des Lamoureux, je fus saisi par quelque chose d`inhabituelle. Dans le petit pâturage face à la maison de "clabord", la vieille jument ruait inlassablement dans le vide. Pour la voir se casser le dos en deux, j`aurais cru que le diable était accroché à sa crinière! Afin de m`enquérir de cette situation inopinée, sans plus tarder, je décidais de m`y arrêter.

Cependant, à peine avais-je un pied sorti de la voiture que j`étais déjà accueilli par "Chausette", la chatte de la maisonnée. Le ventre plat, les yeux exorbités et le poil mal léché, elle me semblait affamée. Pour jeter un coup d`oeil tout autour de moi, il en était de même pour les autres animaux. Dans le poulailler, les poules gloussaient et se bousculaient entre elles pour se picorer nerveusement le bec et, dans l`enclos adjacent, les cochons grognaient bruyamment pour se dévorer la queue en tire-bouchon. Leurs cris me transperçaient la tête comme un poignard! J`en concluais donc, de par mes observations, que Jacinthe avait un tant soit peu négligé les soins et l`entretien de tous les animaux de la basse-cour. Alors, pour remédier à ce désastre, sur-le-champ, je me mettais à la tâche...

Les travaux allaient bon train malgré mon inexpérience. Après avoir nourri tous les animaux, râclé le fumier qui s`était accumulé autour des mangeoires et des abreuvoires, et étendu de la paille fraîche dans l`étable, je vis Jacinthe se déplacer lentement dans le jardin comme une vieille tortue. Avec un regard vide, les joues creuses, et les cheveux écrasés par l`oreiller, elle me faisait penser à une revenante qui insistait pour rester sur terre!

(à suivre...)

Le Chat botté,

mercredi, octobre 11, 2006

Sérénade sous le vieil érable coloré (Partie 3)

Il était amusant de les voir s`approcher vers nous, le pas dandinant, le corps redressé et battant des ailes. À peine épeurées, elles semblaient bien tolérer notre présence pour être un tantinet curieuses. Maladroitement, le mâle, -qui est généralement plus grand que la femelle-, tentait de subtiliser mon cordon de bottine à l`aide de son bec à lamelles, tandis que la femelle, immobile, nous jaugeait de ses yeux noirs tout en émettant un cancanement profond presque musical. Pour être aussitôt charmé par cette sérénade, j`aurais cru qu`elle me faisait de l`oeil!

Fatigué par de vains efforts, le voleur de grand chemin, au plumage brun avec des lisières claires, abandonna rapidement sa quête pour se retourner promptement vers sa promise. La tête baissée et le cou ondulé, il lui sifflait tout bonnement quelque chose comme: «viens-t-en cocotte! ...On a assez perdu de temps icitte...». Immédiatement, elle obtempéra pour le suivre vers l`étang afin de se régaler de racines et de petits mollusques parmi une myriade de poissons aux écailles scintillantes et multicolores.

Toujours bien cramponnée dans le creux de mes ailes, Jacinthe me paraissait perdue dans de douces pensées où quelques anges lui jouaient à l`oreille de la harpe et du haut-bois. Sous un rayon de bonheur, chaud et caressant comme la main douce d`une mère attentionnée, je ne tardais pas, moi aussi, à m`évader dans un monde céleste où chacun vit d`amour et d`eau fraîche...

Entretemps, la vie nous avait filé entre les doigts à mesure que le soleil, tout souriant, disparaissait lentement à l`horizon de ma forêt. Nous nous réveillâmes tout raidi au moment où une brume fraîche et humide se levait du sol. Après s`être étiré comme un chat, nous remarquions que nos deux visiteurs étaient toujours dans l`étang à patauger gaiement. Leur halte dans mon paradis retrouvé leur semblait profiteur, quand sous nos yeux grands et ronds, deux jeunes loutres de rivière, au regard enjoué et insouciant, se faufilaient bruyamment et rapidement à travers les basses herbes pour se glisser dans l`eau. On aurait dit deux torpilles larguées des profondeurs de la forêt!

Alerté par un danger, sur le qui-vive, les deux bernaches allongeaient leur cou vers l`arrière, par-dessus leur épaule, pour rechercher la cause de leur inquiétude et s`envolaient aussitôt comme elles étaient arrivées. Mon coeur en fut attristé. Nous les observions silencieusement s`éloigner dans un ciel rose-lilas époustouflant pour rejoindre à la queue leu leu leurs camarades tapageurs.

Le Chat botté,

lundi, octobre 09, 2006

Sérénade sous le vieil érable coloré (Partie 2)

Sous un rayon de soleil éblouissant, trônait un gigantesque et majestueux érable coloré. Pour m`ébahir devant sa forme arrondie, sa robe d`un rouge vif et ses parures aux lobes dentellés oscillants sur le souffle d`un ange, cet arbre de bois franc me faisait gaiement penser à un merveilleux ballon dirigeable, prêt à s`envoler, et dans lequel j`aurais volontiers embarqué. Afin de mieux me ressourcer de cet endroit empli d`énergie sacrée, vitale et absolue, j`invitais Jacinthe à venir se détendre sous ce grand feuillus le temps de quelques soupirs.

Assis sur un doux et spongieux tapis de végétation et adossé sur un tronc, gros, massif et nervuré en profondeur, je rêvais éveillé la tête dans les nuages pendant que ma douce, qui comme une petite souris, s`était blotti profondément dans mon giron chaud et accueillant. Doucement, elle tortillait entre ses petits doigts agiles une mèche de mes cheveux. L`atmosphère était calme et vivifiante. Le son, des feuilles qui virevoltaient et qui tombaient lentement pour claquer sur le sol, nous fut une douce musique à nos oreilles.

L`odeur de l`humus qui se dégageait tout autour de moi me rappelait que la terre est un élément vital qui donne tout et qui reprend tout. C`était une raison de plus pour que je prenne, encore une fois, conscience de la chance que j`ai de vivre à la campagne et de l`importance de protéger cet environnement générateur, sain et naturel. J`eus également une bonne pensée pour le vieux fermier qui, pendant ce temps, devait récupérer par de bons soins prodigués. Il était encore trop jeune pour mourir et, je gagnais à revoir son regard critique et intéressé, et ses sourires approbateurs d`un grand-père chaleureux.

À quelques pieds du lieu où nous nous reposions tranquillement, je pouvais voir l`eau d`une source ruisseler sur quelques grosses roches pour se déverser rapidement dans mon étang et ainsi me ragaillardir de son gazouillis apaisant. Sans ne plus me souvenir comment nos lèvres en sont venues pour se rejoindre, je savourais tendrement les doux baiser de ma mignonne quand, pour nous surprendre et nous couper brusquement l`envie d`un amour insatiable, deux bernaches du Canada atterrissaient follement à la course, au pied du vieil érable. Dans un monde nouveau, magique et où, tout est possible, elles nous trompetaient royalement leur venue de "Ka-lunk, Ka-lunk, Ka-lunk" aiguës.

(à suivre...)

Le Chat botté,


vendredi, octobre 06, 2006

Sérénade sous le vieil érable coloré

Monsieur Lamoureux se remettait lentement, mais sûrement de son malaise, malgré son âge avancé. Pour être fortement bouleversé par ses piètres récoltes de la saison, il s`en était fait du mauvais sang pour subir une défaillance respiratoire aiguë. Jacinthe avait les nerfs à fleur de peau. Car, depuis l`accident tragique entraînant dans la mort ses parents lorsqu`elle n`avait que douze ans, elle n`eut pour famille, ami et confident que son grand-père. Pour lui être reconnaissante, elle était donc au petit soin.

Une vraie bonne fille, aimable, attentionnée et chaleureuse. Pour la voir à se démener comme une diablesse dans ses casseroles à préparer de bons et beaux repas consistants, regorgeant de couleurs et de saveurs, j`en étais presque jaloux... Je n`eus aucune difficulté à croire à un rétablissement prochain du vieil homme qui m`était à la fois mystique et attachant. J`avais hâte qu`il soit de nouveau sur ses pieds, accroché à son légendaire bâton tordu de Moïse.

Pendant un après-midi, alors qu`une belle lumière crue annonçait déjà l`arrivée de l`arrière saison, j`invitais ma douce à m`accompagner dans une ballade parmi les arbres joliment colorés surplombant ma colline. Je crus qu`un moment de répis ne lui ferait que du bien à la fois pour son corps et son esprit.

Le soleil rayonnait de tous ses éclats comme il ne le fit jamais depuis le printemps. Je le présumais fortement embarrasé de nous avoir oubliés si longtemps... Néanmoins, Jacinthe et moi, nous nous réjouissions de sa grande générosité. Le temps était au beau fixe. Seule une légère brise d`automne venait, d`un moment à l`autre, nous chatouiller le bout du nez tout en berçant mollement les feuilles des arbres qui, auparavant vertes, virent en l`espace de quelques jours dans les merveilleuses teintes du jaune, de l`orange et du rouge.

Chacun bien vêtu d`un tricot de laine et d`une casquette, nous marchions lentement, main dans la main. Comme des gamins, nous nous amusions, du bruit que faisaient nos pas en fracassant les brindilles sèches qui jonchaient abondamment le sol pour résonner avec écho dans ce lieu bucolique et tranquille. Quand, pour être une fois de plus distrait par les merveilles de la nature, apparut sous nos yeux grands et ronds, un lièvre à la robe brun grisâtre! De ses yeux vifs à l`iris jaunâtre, il furetait le sol embelli aux couleurs d`une courtepointe pour dénicher une racine qu`il pourrait grignoter avidement sous ses incisives longues et obliques. Mais, cette mignonne petite créature aux longues oreilles au bout noir n`eut tôt fait de nous repérer pour disparaître vers l`orée de la forêt. Alors, vachement déçus, mais que le temps d`un soupir, nous nous émerveillions de nouveau devant un autre spectacle de la nature. Il était à couper le souffle!

(à suivre...)


Le Chat botté,

jeudi, octobre 05, 2006

De mauvais présages (Partie 4)

Soudainement, un vent violent se soulevait. Encore simplement vêtu de mon pyjama en flanelle de coton, je croyais le perdre tellement que la pression était forte. Légèrement arqué vers l`avant et toujours immobile, je tentais de résister de toutes mes forces devant cette nature déchaînée pour finalement culbuter sur le sol comme un feuille morte d`automne propulsée par un souffleur!

Aussitôt, mes inquiétudes se transformaient en panique. Mes deux fesses étaient ankylosées et je grelottais comme au fort de l`hiver. Sans plus tarder, de grosses gouttes de pluie, semblables à des clous, me tombaient dessus. Les éclairs s`abattaient avec acharnement pour déchirer le ciel d`encre noire et le tonnerre résonnait si fort que tout mon corps sursautait d`effroi. Affolé comme un fauve pris au piège, je me levais et me frottais énergiquement le postérieur, pour finalement m`éloigner de cet endroit maudit. Le trajet me paraissait terriblement long. Je broyais du noir comme un vache qui rumine! Mes pas devenaient lourds et lents au fur et à mesure que je m`approchais de la vieille maison.

À quelques semelles de la véranda des Lamoureux, je restais figé, les deux pieds nus dans une marre d`eau, sous une pluie froide et diluvienne. J`en étais complètement trempé et aveuglé! Me protégeant la vue à l`aide de mes deux mains, j`entrevoyais devant moi, dans l`ombre, une silhouette au teint plus blanc qu`un drap javellisé. J`avais la chair de poule comme si un fantôme m`était apparu! Je me demandais ce qu`il était survenu chez les Lamoureux...

Tremblant de tout mon corps, j`hésitais un instant avant de grimper rapidement les trois marches du perron la tête baissée. Aussitôt immobilisé devant Jacinthe, je constatais avec stupeur qu`elle avait le regard vide, perdu. Ses yeux étaient humides et tristes, elle semblait avoir pleuré. Sans même que j`eus le temps d`ouvrir la bouche pour souffler un mot, elle me dit d`une voix d`outre-tombe: «Grand-Pa est gravement malade...».

D`une certaine façon, j`étais soulagé de la nouvelle. Il n`était pas mort, du moins pas pour l`instant... La grande faucheuse pouvait encore attendre! Mais, voyant ma pichounette aussi désemparée et impuissante qu`une petite orpheline, j`en avais le coeur serré. Je l`entrelaçais aussitôt contre ma poitrine pour la caressser doucement d`une main réconfortante. La gorge nouée de chagrin, je lui chuchotais tendrement à l`oreille: «Chérie! Je suis là, avec toi et pour toujours...».

Le Chat botté,

mercredi, octobre 04, 2006

De mauvais présages (Partie 3)

J`eus de la difficulté à me défaire seul de ma fâcheuse position. Se tortiller comme un serpent entre deux étaux ne m`était pas de tout repos! Mais, dès que je le pus, vivant l`angoisse d`un capitaine navigant en haute mer au fort de la tempête, j`accourus directement vers la ferme des Lamoureux pour retrouver Jacinthe. Comme un enfant agressé et angoisé, je ressentais un urgent besoin d`être consolé...

Devant le pâturage du grand-père, je remarquais un événement étrange. Plusieurs vaches se battaient énergiquement la queue contre la clôture de pruche. Je me remémorais alors les leçons de mon pote agronome sur le comportement des bovidés. Je savais que cette réaction, bizarre et saugrenue, annonçait prochainement le mauvais temps. Je jetais un coup d`oeil vers le ciel, et par bonheur, je constatais qu`il resplendissait d`une lueur bleue. Il n`y avait aucun nuage à l`horizon pour donner raison à ce présage.

Tout en poursuivant mon chemin, une vache s`approcha brusquement vers moi pour me surprendre. À peine n`eus-je le temps de reculer d`un pas qu`elle me beuglait, pas une fois, ni deux, mais trois fois sous mon nez! Sachant que ce troisième présage m`annonçait la mort prochaine de l`une de mes connaissances, je m`en faisais outre mesure étant donné le déroulement infructueux du deuxième présage. «Bah! Tu ne me fais pas peur...», lui balançais-je.

Subitement, une volée de petits oiseaux noirs fendaient le ciel au-dessus de ma tête pour s`éloigner vers ma colline d`épinettes. Je me demandais ce qui put les effrayer quand, j`aperçus au loin dans le ciel, de sombres nuages de la couleur charbon s`avancer en cavalerie pour assombrir tout mon paysage. Ils étaient si terrifiants que je crus voir des montagnes volantes prêtes à tout pulvériser sur leur passage... Immédiatement, je commençais à m`inquiéter. «Et si c`était vrai?», pensais-je à voix haute.

(à suivre...)

Le Chat botté,

mardi, octobre 03, 2006

De mauvais présages (Partie 2)

Tantôt éreinté, écrasé et brisé comme un vieux cuir, je fus subitement réanimé comme Lazare. Mon coeur battait à vive allure. "Billy" cessa de ronronner pour s`ébourrifer le poil sur son dos. Il grimpa rapidement sur ma jambe pour finir sa course sur mon épaule. Avec ses griffes acérées et non rétractées dans ma chair, je crus, un instant, me transformer en un tronc d`arbre duquel il tomberait des copeaux de bois... La "chose" poussait un autre cri diabolique, puis un deuxième. Jamais de ma vie de citadin, je n`avais entendu quelque chose d`aussi effroyable! Je pensais que ça devait être l`une de ces bêtes monstrueuses qui s`amuse à terroriser les paysans... Et, pour cela, j`hésitais à me rendre vers la première fenêtre pour m`enquérir de la situation.

Cependant, pour avoir suffisamment tergiversé comme un âne et un pleutre, je bougeais donc d`un pas. Mais, pour rien n`y comprendre, je ne pouvais pas. Mes jambes restais paralysées comme si un scorpion m`avait piqué. La bête avait, pendant ce temps, repris ses hurlements pour faire frissonner le plus insensible des adeptes de films d`horreur. "Cliffette" se mettait à la partie pour japper à son tour. Alors, pour en finir avec ce calvaire, je me dirigeais vers la fenêtre tant bien que mal en me traînant les pattes...

Le souffle court pour respirer par le ventre et les mains tremblantes, je soulevais le châssis à guillotine et sortis la moitié de mon corps. Heureusement, "Billy" avait déguerpi de mon épaule et cela, à mon insu. Comme par hasard, je ne sentais plus les douleurs associées aux égratignures! La tête au grand vent d`automne, j`attendais impatiemment d`apercevoir la terreur qui fut la cause de tous mes malheurs matinaux. Des grognements retentisaient au loin, pour se rapprocher rapidement, de plus près. Soudainement, je vis une petite créature, courte sur pattes avec une tête nettement pointue, longue et aplatie tourner le coin de ma maison pour longer la façade. Son corps long et mince pourvu d`un gros cou me faisait penser à un matou épeuré marchant sur son ventre!

Je crus reconnaître une belette. Heureusement, qu`elle ne m`avait pas remarqué! Car, je connaissais les superstitions que les paysans entretiennent à son égard. Si une belette affolée croise le regard d`un être humain pour se sauver vers sa gauche, c`est un signe de mauvais augure. J`en souhaitais pas plus déjà que j`étais mal barré! La bête continua sa course folle. Mais, sans crier gare, mon destin avait frappé! Le châssis de bois se referma pour tomber sur ma colonne vertébrale. Abasourdi, je poussais un grand cri de douleur à réveiller les maccabés. Immédiatement, pour se retrouver sous mon nez, la belette me repéra. Elle me regardait droit dans les yeux sans bouger d`un poil. Le temps me semblait très long. Qu`allait-elle faire? Dans quelle direction s`enfuira-t-elle, à droite ou à gauche? J`avais l`impression de vivre le jeu suicidaire d`un pistolet sur la tempe: en tirant, si je suis encore vivant, c`est que j`ai gagné!

Après un instant à me couper le souffle, je vis la bête se lever la queue et arquer son dos. Elle me fixait toujours. Mais, par comble du malheur, je l`aperçus se sauver vers sa gauche tout en sifflant... Que me réservera l`avenir? Désemparé comme un épouvantail à qui on aurait coupé les quatre membres, je brandissais mes bras, comme pour invoquer le ciel, et criais mon désarroi aux loups.

(à suivre...)

Le Chat botté,

lundi, octobre 02, 2006

De mauvais présages

Durant toute la journée, je fus agité et mes nerfs étaient à fleur de peau. Je ressentais dans mon for intérieur une drôle d`impression, comme celle qui vous annonce un danger imminent... Seul, comme un lion en cage, je faisais les cents pas dans ma grande cuisine tout en me broyant les tripes. La tension avait monté en moi comme la lave d`un volcan. Pour avoir déjà vécu ce genre d`expérience, je savais que quelque chose de pourri se préparait. Mais, de quel malheur pouvait-il s`agir? Je n`en avais aucune idée et ce fut la raison de mon instabilité et de mon désarroi.

Les secondes et les minutes me paraissaient aussi longues que les heures et les journées. Pour me détendre, je me grillais un petit cigare. Mais, étrangement, son goût n`était plus le même. Il me semblait, à ce moment-là, complètement insipide. De même pour ma boisson préférée, le Whisky sur glace. Rien à la portée de la main ne pouvait donc me calmer si ce n`est à faire le vide en moi. Assis sur le rebord de mon lit, je fixais, à travers une petite fenêtre à carreaux, un ciel bleu nuit étoilé à l`horizon de ma forêt d`épinettes et de feuillus.

Les heures à venir me furent des plus pénibles. Je me réveillais souvent, le haut de mon pyjama remonté jusqu`au cou et le bas, baissé jusqu`aux genoux... Les fesses et la poitrine à découvert, et le front inondé de sueur glacée; j`avais dû somnoler comme un gamin terrorisé par un cauchemar! Allongé de travers sur un lit en bataille, je me retournais sans cesse d`un côté à l`autre comme le tambour d`une machine à laver. Si quelqu`un avait veillé auprès de moi, il aurait sans doute constater avec stupeur que je suis un type étrange qui, dans un sommeil agité, expulse ses tensions par des cris morbides et des gestes brusques et inattendus... Je le sais parce que c`est pour cette raison que ma dernière flamme m`a quitté!

Après avoir passé une nuit longue et mouvementée, à l`heure où le coq chante pour réveiller tout le voisinage, "Billy", mon chaton, bondissait sur mon corps meurtri, fourbu. Le ventre vide, le pauvre petit me murmurait à l`oreille une douce musique tout en me chatouillant le lobe de délicates, chaudes et rugueuses lichettes. Alerté par ce signal des plus invocateurs, "Cliffette", mon pitou, ne tardait pas, lui aussi, à se pointer le bout du museau pour répandre sa bave suave tout le long de mon bras pendant.

Le levé me fut plus difficile qu`à l`accoutumé. Cela me demandait non seulement une performance physique, mais aussi psychologique. Le dos voûté, les jambes flageolantes et les bras cassés, les paupières lourdes, la vision trouble et bien sûr, la gorge enrouée, je me traînais les pieds, comme une recrue forcée. J`aurais donné toute ma fortune pour rester allonger encore quelques instants... Quand, au moment où je m`apprêtais à mettre le pied sur la première marche de l`escalier pour me rendre au rez-de chaussée, j`entendis un cri discordant, aigu et strident venant de l`extérieur.

(à suivre...)

Le Chat botté,

dimanche, octobre 01, 2006

Rocky, mon héros! (Partie 2)

Le veau ne tarrissait pas de gambader pour parfois zigzager d`un côté à l`autre de la route. Je tremblais à l`idée de le voir se faire frapper sous mes yeux par une voiture ou un tracteur. Pendant ce temps, Rocky s`occupait toujours à couper son bois à la tronçonneuse la cigarette au bec. Affolé comme un bouc, j`avais beau crier à tue-tête, mais rien n`y faisait. Alors, j`accourais vers lui pour l`en informer.

Arrivé derrière lui, la langue pendante et soufflant comme un phoque, je lui faisais des simagrées mais que seul un vieux singe pouvait sans doute comprendre. Rocky me semblait indifférent. Le moteur de sa machine au bruit infernal tournait toujours pendant que moi, j`étais sur le point de m`écrouler sur le sol, à bout d`efforts. Fatigué de faire le pitre, je lui criais dans le creux de son oreille: «Ton sacripain de veau à sacrer le camp sur le chemin...». Immédiatement, d`un geste téméraire et quasi insensé que seul un bûcheron en est capable, il éteignit sa cigarette à l`aide de sa tronçonneuse pour que j`aperçusse le bout incandescent s`envoler dans le ciel comme une fusée... La bouche grande ouverte, je n`en croyais pas mes yeux! Pour voir passer la lame à chaîne sous son nez, je crus, un instant qu`il était devenu fou. Mais, il en était rien. Après avoir glissé le reste de sa précieuse cigarette derrière son oreille, il déposait minutieusement sa bebelle du diable sur le sol pour ensuite bondir dans son vieux Pick-up et démarra en trompe.

Debout et immobile comme un coq en plâtre, une seconde n`eut tombée pour que je fus entièrement enseveli dans un épais brouillard de poussières brunâtres. Étouffé comme la corde au cou, à cet instant, j`aurais cru mourir... Perdu comme seul au monde, je tentais tout bonnement de survivre quand je vis une lumière transpercer mon nuage des ténèbre. C`était le Pick-up de mon héros qui s`immobilisait dangereusement à un poil de ma carcasse. «Monte au plus sacrant, je vais avoir besoin de ton aide...», me criait-il. Immédiatement, j`embarquais dans son engin comme un gamin heureux dans un parc de voitures tamponeuses...

Aussitôt sur le chemin, je l`informais de la direction vers laquelle le p`tit fugueur s`en était allé. Mais, avant même que j`eus le temps d`attacher ma ceinture de sécurité, au sommet d`une route étroite, nous apercevions au loin la devanture d`un grand camion renversé sur le côté. Sans plus tarder, je sentis Rocky s`énerver pour se manger les lèvres. Au milieu de la chaussée, un costaud s`agitait nerveusement comme un singe en cage parmi une multitude de caisses de bière. Les poings en l`air, le pauvre diable babillait tout le vaisselier québécois entre ses dents serrées. Entre deux jurons bien salés, je me risquais tout de même à lui demander la cause de tous ses malheurs. Sans même me souffler un mot sinon un autre sacre, il me pointait du doigt un pâturage où, par bonheur, le p`tit torrieux, sain et sauf, s`excitait parmi des moutons affolés qui sautaient de tous bords tous côtés.

Bon gentlemen que je suis, je tentais de consoler le camionneur pendant que mon héros s`affarait déjà à capturer son veau. Mais, avant même que j`eus le temps de décapsuler une bouteille de bière qui avait roulé jusqu`à mes pieds, je m`estomaquais de ce que je vis. À la manière d`un cow-boy de l`Ouest, Rocky contourna son veau aux yeux très noirs, tira sur sa queue et le traîna de force jusqu`à son Pick-up pour l`attacher. Bouche bée devant sa dextérité, je me convainquis que mon héros fut très certainement imprégné de sa vie entière de la culture de la terre et des animaux...

Le Chat botté,