vendredi, juillet 28, 2006

À la découverte d`un champ biologique avec Lancelot, mon pote agronome

Par un bel après-midi, je décidais de prendre ma vieille bicyclette et de faire une longue randonnée sur les chemins de ma campagne. Après plusieurs jours pluvieux et tempéreux d`un déluge à Noé, la température était redevenue agréable et la journée s`annonçait idéale pour une telle distraction.

Sous un soleil radieux qui assécha rapidement les petites marres d`eau qui s`étaient soudainement multipliées comme des pains et des poissons sur les routes cahoteuses et sinueuses, et sous une légère brise chaude, parfumée aux asclépiades communes, lentement, je pédalais tout en contemplant les mille merveilles de la nature. Parmi une chute d`eau spectaculaire qui tombe d`un rocher escarpé et des cascades à couper le souffle, des vallées et des montagnes verdoyantes, des mosaïques de champs labourés et des petits étangs naturels regorgeant de canards sauvages et tapageurs, je me laissais séduire jusqu`en à perdre la raison. Quand, sur le chemin de mon retour, juste avant le coucher du soleil, j`aperçus au loin, Lancelot, mon pote agronome. Vêtu d`un jean et d`une chemise à manches courtes de couleur bleu ciel, et chapeauté d`un "Bob Hearst", il tenait à la main un calepin pour recueillir des données, et s`apprêtait à inspecter le champ de maÏs de mon sympathique voisin, monsieur Lamoureux.

J`avais connu cet ami, le jour où je mis, pour la première fois, les pieds dans une Coopérative agricole. Pour être dépourvu face à une invasion de limaces dans mon potager, et avant de perdre à tout jamais ce que j`avais semé, je décidais de balancer mon orgueil aux quatre vents pour rechercher des avis judicieux.

Dans cette boutique d`un temps passé où le vieux parquet de bois craqua à chacun de mes pas pour trahir ma présence, Lancelot se présentait immédiatement devant moi pour me conseiller. Grand et musclé comme un cheval, les yeux de couleur noisette, profonds et sombres comme la nuit, les cheveux fins et cuivrés aux petites mèches entrelacées comme des vagues voluptueuses, sa grâce et sa beauté m`emplissaient d`un respect mêlé d`admiration. Tout en lui éveillait ma curiosité. Jamais, je n`avais vu un garçon aussi séduisant! Son fier visage, aux traits joliment ciselés, lui apparaissait semblable à celui d`une antique statue grecque.

Tout d`un coup, sans doute pour se sentir reluquer singulièrement par un autre homme, il me jeta un regard qui me mit mal à l`aise. Tout mon corps manifestait aussitôt une nervosité apparente. Je tremblais à la fois des lèvres et des mains, et mon front suintait une sueur glacée. Avais-je commis une erreur en l`observant trop longtemps pour soulever des doutes invraisemblables? Comprendrait-il ma maladresse d`un gamin impoli? Mais, dès qu`il me demanda gentiment la raison de ma venue, le visage resplendissant d`un sourire d`enfant, toutes mes craintes s`avérèrent sans fondement.

Arrivant derrière lui comme un oiseau à vol plané, je le saluais avec la délicatesse d`un bûcheron: «Hé, mon grand! ...Armé comme tu l`es, il ne te manque qu `un filet à papillons!». Pour être aussi futé qu`un renard, il ne perdait pas une seconde pour me proposer gentiment de l`accompagner dans sa promenade. «Viens voir ce que je recherche!», me dit-il le sourire en coin. Immédiatement, je me doutais bien qu`il ne s`agissait nullement de jolies créatures divines aux coloris d`arc-en-ciel. Je déposais alors ma bicyclette dans le fossé séparant le champ du chemin public et le suivi. «Que recherches-tu, au juste?, lui demandais-je. «Des pucerons, des vers gris noir et d`autres insectes nuisibles!», me répondit-il sèchement. Aussitôt, je grimaçais comme un gueux et avala la salive qui s`était soudainement accumulée dans ma bouche. Je m`imaginais, qu`après une ballade parmi des tiges de maïs aussi droites que des sentinelles affublées en aigrette, je serais devenu une mangeoire à moineaux, recouvert de la tête aux pieds, d`oeufs gluants, de laves, d`asticots, de chenilles velues et d`autres bestioles aussi répugnantes les unes que les autres!


(à suivre...)

Le Chat botté,

Aucun commentaire: