mardi, janvier 09, 2007

Les deux sales rats des champs (Partie 7)

J`ordonnais à mon chien de me rejoindre. Dès qu`il fut à mes pieds, je l`attachais immédiatement d`une laisse et déguerpissais rapidement de cet endroit maudit avant que les deux démons m`encornèrent encore une fois le front. Ces malappris voulaient sans aucun doute capturer Cliffette pour en faire je ne sais quoi! Le pauvre, lui qui est dorloté comme un enfant, il aurait très certainement crevé d`ennui loin de moi et de Billy.

De retour à l`étable, sans me douter que Lancelot me surveillait depuis un bon moment, il me demandait: «Qu`est-ce qu`ils te voulaient, ces mendiants pouilleux?». J`hésitais un instant avant de dire quoi que ce soit. Puis, j`ouvris grande la bouche, mais m`abstenus de souffler un seul mot. Malgré qu`il soit mon confident et que je pouvais toujours compter sur sa discrétion, je ne désirais pour rien au monde l`embarrasser davantage de quelques problèmes! Car, je savais qu`il était dans une passe plutôt difficile et qu`il remettait tout en cause son cheminement de vie.

Cependant, mon pote ne lâchait pas prise aussi facilement. Il m`empoignait par les épaules, me fixait droit dans les yeux et me dit: «Mon vieux, tu es un très mauvais menteur... Je sais que quelque chose te tracasse présentement et tu dois m`en informer!». À cet instant, je me sentais aussi vulnérable qu`un gamin en pleurs. J`aurais bien voulu lui tenir tête, pour son bien, mais j`en fus incapable. Son regard déterminé et son attitude de commandant me foudroyaient la boule. Il était, et depuis longtemps, mon mentor et je devais me plier à ses volontés. D`ailleurs, je pus toujours compter sur son aide, peu importe les circonstances.

Voyant que mes hôtes paraissaient plus bouleversés que moi, j`obtempérais sur-le-champ aux instances de mon ami, mais à condition que l`on remettre notre entretien à plus tard pour dès lors s`occuper de ma mignonne et de son grand-père qui étaient dans un piteux état. Le vieux fermier, l`air exaspéré, s`était écrasé sur une poche de grains éventrée, pendant que Jacinthe, le regard fixe et les larmes aux yeux, brossait machinalement la longue queue de la vieille jument.

À vrai dire, ils ne méritaient pas cette affliction. Déjà que la vie de fermier n`est pas de tout repos pour travailler tous les jours avec une Nature parfois peu clémente, il allait de soi que ces événements barbares étaient de trop. Alors, aussitôt, je les interpellais pour leur dire: «Ne vous en faites plus! Je connais les coupables et, moi et Lancelot, nous allons les retrouver pour leur donner une bonne correction qu`ils ne seront pas près d`oublier... Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer...». Le grand-père leva à l`instant même son bras comme pour nous donner sa bénédiction, Jacinthe cessa de faire la somnambule et Lancelot, quant à lui, il me dévisageait, le sourire grand comme un gamin à qui on aurait confié un secret.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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