mardi, août 29, 2006

Lancelot s`en va-t-en guerre

Après m`être miraculeusement libéré des griffes de mon terrifiant voisin, même si j`étais mort de fatigue, je me cheminais directement vers la ferme des Lamoureux pour retrouver Lancelot, mon pote agronome.

Je savais que vers le début de la matinée, il s`y trouverait pour s`occuper à faire le train. Debout dans l`entrée de la vieille étable, je restais immobile et désemparé comme un enfant battu. Je le voyais me regarder le visage stupéfié. Il cessa immédiatement de traire les mamelles d`une vache et, d`un ton ferme, il me demanda: «qui a-t-il?».

J`aurais bien voulu lui faire part de mes craintes pour ainsi me soulager d`un poids, mais je demeurais muet comme un pape, le regard sans doute vide et atterré. Je sentais que je n`avais plus sur moi un véritable contrôle. Subitement, et de façon inopinée, j`eus terriblement chaud pour haleter et suer comme un porc et mon corps devint une pierre dont je ne pouvais plus supporter de mes jambes.

Étendu sur le sol, je recouvrais peu à peu mes esprits. Accroupi près de moi, Lancelot me fixait des yeux, grands et tristes. Encore légèrement étourdi et désorienté, je l`interrogeais sur mon état: «dis-moi... Est-ce qu`une vache affolée m`a piétiné la poitrine avec violence et régularité?». «C`est tout comme!», me répondit-il tout en me faisant un clin d`oeil des plus convaincants.

Immédiatement, je poussais un rire convulsif. Mais, pour dès lors éprouver une sensation de déchirure dans tous mes muscles, je me soutenais le ventre de mes deux bras. Grinçants des dents, je gémissais une douleur qui m`était encore inconnue. Toujours aimable et attentionné comme pas un, Lancelot m`aida à me relever. Et, pour avoir de la difficulté à marcher, il me soutenait de son bras jusqu`à la maison des Lamoureux.

Vers le milieu de l`après-midi, pour m`être endormi comme une bûche sur un lit d`appoint, je me réveillais agréablement sur un délicieux fumet d`un pot-au-feu me rappelant de doux souvenirs de mon enfance. L`odeur de la bonne bouffe qui s`était répandu partout dans la maisonnée m`aida grandement à me ravigoter. Le pas pataud comme un ours, je me dirigeais vers la cuisine pour rejoindre Lancelot et Jacinthe. Aussitôt, je m`émerveillais devant un grand bol de légumes, frais et colorés du jardin, accompagné de gros morceaux de boeuf que mon hôtesse venait tout juste de me servir. Affamé comme un loup, je dévorais sans aucune manière. Le boeuf aux légumes était si bon que j`en redemandais, candidement, encore et encore, sous le regard étonné de Lancelot et de Jacinthe. Ma santé ne m`inquiétais pas plus que d`habitude puisque mon estomac est aussi solide que celui d`un rhinocéros!

Complètement rassasié, le ventre bien ballonné, je leur racontais mes mésaventures dans les moindres détails depuis la veille au soir. Lancelot m`écoutait attentivement tout en tapotant nerveusement sa grosse cuillère. Assis sur sa chaise, il semblait nerveux, agacé comme un cheval avant une course. Puis, pour ne plus se contenir, il explosa sa rage qui s`était graduellement installée en lui. «Le vieux snock a pété les plombs!», s`exclamait-il tout en bondissant de sa chaise. Jacinthe et moi, nous demeurions bouche bée. Nous l`observions tourner en rond dans la cuisine comme un lion en cage.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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