jeudi, août 31, 2006

Lancelot s`en va-t-en guerre (Partie 2)

Lancelot n`était pas un être de tempérament violent. Mais, lorsqu`il était témoin d`une injustice grave ou qu`il avait connaissance du tort causé volontairement à l`un de ses amis, il pouvait s`emballer pour devenir un fou furieux.

La tension était à son comble dans la vieille maison de bois. Inquiet, je tentais de le calmer et lui dit: «tu sais, mon vieux, je suis toujours envie!». Mais, loin d`être apaisé comme un enfant dans les bras de sa mère, mes mots eurent pour effet de grandir sa colère. «Tu verras, cet énergumène aura ta peau un jour!», s`écria-t-il. Le visage rouge et les mains tremblantes, mon pote agronome se décourageait de mon insouciance face à un danger qui lui semblait bien réel. Pour me questionner à savoir qui était la vraie victime, je croyais rêver éveiller. Pourtant, je savais pertinemment que cet ermite de la forêt n`était pas fait de bois mou!

Aussitôt, un cri retentissait dans la cuisine pour me dresser les cheveux. Le lion avait rugi du fond de ses entrailles toute sa fureur. Debout, Lancelot déposait ses poings serrés sur la table, poussa un long soupir et me regardait droit dans les yeux. Je ne le reconnaissais plus. Avec son regard froid et transperçant, il me mortifiait. Puis, après un moment d`effroi à me couper le souffle, sur un ton ferme et sans équivoque, il me dit: «nous allons lui régler son compte à cette vieille chouette de malheur!».

Sur le coup, je demeurais sceptique quant à la réelle nécessité d`une douce vengeance. Avec le temps, je pensais me convaincre que cette histoire, digne d`un film d`épouvante, n`était en fait qu`un mauvais rêve. Mais, pour l`avoir écouté attentivement me décrire une nature humaine dans ce qu`elle a de plus vil et grégaire, Lancelot avait réussi à me persuader, et je commençais à me trépigner comme un gamin auquel on aurait promis de révéler un secret...

Pendant que mon meilleur ami me faisait part de ses intentions machiavéliques, Jacinthe nous avait temporairement quitté pour rejoindre son grand-père au champ. Dès son retour, Lancelot me fit un signe de la main pour me signifier de garder le silence. Je compris alors que notre complot devait rester discret. Il devait penser que la pauvre créature était trop docile et peu rebelle pour confronter un si grand danger. Sur ce point, j`entretenais quelques scrupules, mais j`obtempérais, sans rechigner, comme un bon soldat. Sur-le-champ, nous délaissâmes la compagnie de notre charmante hôtesse pour nous diriger vers ma maison.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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