lundi, août 07, 2006

Une nature belle à croquer

Par un bel avant-midi du mois d`août, ensorcelé par une légère brise parfumée à la sève de sapin provenant de mon sous-bois, comme pris au piège par un sortilège, je décidais de m`y aventurer au hasard de mes pas.

À l`abri d`une chaleur suffocante et insoutenable, et où seuls quelques rayons de soleil s`immisçaient timidement parmi un feuillage dense, j`aperçus au pied d`un grand pin blanc dont la cime se perd audacieusement dans le ciel, des ronces aux longues branches épineuses regorgeant de mûres sauvages devenues à maturité.

Accroupi comme un tailleur sur un tapis spongieux de lichens, comme un glouton, je me régalais plein les babines de ces petites baies juteuses, d`un violet très sombre. Quand, soudain, pour me dresser les oreilles comme un chevreuil alerté, j`entendis le craquement d`une branche sèche, déchirer la quiétude apaisante de la forêt. Aussitôt, je faisais un tour de tête à la manière d`une chouette pour scruter l`environnement, mais rien ne se manifestait sous mon regard attentif. Le temps semblait s`être arrêté. Sachant que les ours noirs raffolent de ces petites douceurs du paradis, j`avais l`oeil inquiet d`un cheval le mors aux dents. Mais, pour ressentir subitement des fourmis dans les jambes à rester immobile comme la statue d`un tombeau, je tentais de me ressaisir avant de perdre la tête au quatre vents.

Puisque tout me semblait redevenu à la normale après quelques moments de palpitations, je me laissais de nouveau tenter par le doux péché véniel de gourmandise. Pour en être aussitôt rassasié comme par un festin savoureux, ma bouche pleine de joie, je me levais et poursuivais ma ballade.

Au tournant d`un petit sentier d`herbes battues, je m`étonnais des couleurs et des ombres du sous-bois. Tout me paraissait à la fois merveilleux et mystérieux. Les deux pieds dans le coeur d`un sol riche, encore mouillé par la rosée du matin, je m`imaginais seul au monde parmi cette nature généreuse et sauvage. Tout d`un coup, pour me sortir brusquement de mes rêveries d`un gamin sur la lune, une volée de perdrix s`élevait des arbrisseaux avec fracas.

Immédiatement, je m`aurais cru dans une gigantesque bataille d`oreillers! De tout bord tout côté, ces oiseaux de la grosseur d`un poulet, s`épivardaient dans le ciel pour momentanément assombrir le paysage de plumes et de duvets de la couleur gris-brun. En étais-je la cause de leur frayeur? Je n`en avais aucune idée. Cependant, avant même de me convaincre de ma culpabilité ou que, d`horribles pensées me traversent l`esprit pour me donner à nouveau un désagréable frisson dans l`échine, j`aperçus non loin, droit devant le bout de mes semelles, de hautes herbes s`agiter follement. Telle une torpille, quelque chose se dirigeait rapidement vers moi à travers cette verdure dense et extatique.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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