dimanche, août 27, 2006

L`ermite de la forêt (Partie 3)

J`étais terrifié, mon sang se glaça dans mes veines. Sans issue, j`étais pris au piège comme un poisson dans le filet! Je souhaitais hardiment que le temps ne me soit pas compté...

Doucement, je me retournais tout en demeurant sur place. Le tronc du grand pin, dur comme le roc, était devenu mon seul bouclier face à une menace impensable, mais pourtant bien réelle. Le dos contre cette colonne odorante, je suppliais mon ange gardien de me venir en aide.

À l`instant même, il y eut une décharge. Le bruit était tel que j`aurais cru que le tonnerre s`abattit au-dessus de ma tête. Mes deux oreilles étaient complètement bouchées. Aussitôt, partaient en éclat de gros morceaux d`écorce de l`arbre derrière lequel je me cachais. J`étais plus vulnérable que je le pensais. Par instinct, je me laissais glisser, le corps allongé sur le tronc pour m`écraser au pied de ma stèle! Je n`eus guère de difficulté à faire le poulpe, car j`étais déjà mou comme une chiffe. J`attendais là, immobile et silencieux comme un mort vivant, en espérant que le forcené, sans retenue ni maîtrise de soi, s`imaginerait s`être trompé dans son jugement.

Encore une fois, ma tête était sur le bord d`éclater. Comme un film en accéléré, je voyais, en noir et blanc, les dernières séquences de ma vie que je m`apprêtais de vivre. D`abord, je gisais dans cette poussière de terre, à demi courbé, et agonisant sur la dernière goutte de vie qui m`habitait. Ensuite, dans une pièce sombre comme un mur de tripot, sur des cris et des pleurs persistants, trois visages tristes aux auréoles d`une grande lumière calme, me regardaient. C`était Jacinthe, Lancelot et Rocky. Puis, pour reposer dans une petite prairie, une brise de fraîcheur, parfumée aux fleurs sauvages, me pénaîtra afin que mon esprit soit apaisé et libéré à jamais. Mais, je n`eus tôt fait de recouvrer tous mes sens, car un deuxième coup de fusil résonna dans la forêt. Sur-le-champ, je sentis une balle me frôler le flanc. Une petite et peu profonde blessure apparut instantanément.

J`implorais le ciel que le vieil homme fasse un entracte dans sa folie meurtrière. Dès lors, pour ressentir une vive douleur, un déclic se fit dans ma tête. Étant convaincu que cette matinée était la dernière de ma vie, je pensais taquiner le diable. Je m`imaginais me lever et dévoiler ma personne sous ses yeux démoniaques pour lui tenir tête et me battre. Mais, à la dernière seconde, juste avant d`accomplir mes gestes de bravoures, je sentis la peur m`envahir comme le venin d`un scorpion coulant dans mes veines. Je pensais à tous mes désirs encore inassouvis!

Cependant, j`ai voulu me retourner pour jeter un coup d`oeil en direction de l`ermite. Mais, étant toujours sous l`emprise d`une peur bleue, j`hésitais. Alors, je décidais de me laisser glisser de nouveau, et cette fois-ci, à la manière d`un ver de terre. Pour me retrouver dissimulé dans une souche, la face contre un tapis d`humus, je me risquais, à ce moment-là, de me pointer le bout du nez. À travers les feuilles d`un arbuste rabougri, mes yeux roulaient dans tous les sens. Et, pour aussitôt, remarquer que le long fusil était de nouveau accoté sur la cordée de bois, j`attendis patiemment, un instant, et rampais, le corps contre le sol, vers ma maison.

Aucun commentaire: