mardi, août 22, 2006

L`ermite de la forêt

Jusqu`à tout récemment, je m`étais miraculeusement préservé de l`agressivité malsaine. Jamais, un individu ne m`avait été aussi discourtois que le maraudeur.

Depuis ma tendre enfance, j`ai le souvenir d`avoir toujours été cajolé et protégé par des parents aimables et bienveillants. J`étais l`un de ces enfants chanceux qui, fort de caractère, pouvait s`émanciper sans difficulté, dans la vie. Les moqueries et les insultes, si j`en avais connaissance, m`étaient indifférentes comme l`eau qui coule sur le dos d`un canard. Il m`arrivait, certes, d`être de mauvais poils lorsque je rencontrais des obstacles, -et encore aujourd`hui-, mais jamais sans ignorer l`importance de respecter la personne ou le bien qui me causait des ennuis.

Les premières lueurs matinales apparaissaient déjà dans un ciel majestueux de couleur rose-orangé. Or, le coq avait beau chanter ce matin-là. J`étais toujours éveillé! En aucun temps, je ne m`étais autant creusée la cervelle. Pour avoir suivi religieusement, et réussi, tous mes cours de philosophie au Collège, je me remémorais quelques enseignements reçus. Les hommes sont-ils bons ou mauvais de nature? Sans équivoque, cette Nuit des Ténèbres me donnait un goût amer sur la nature humaine!

Aussitôt, sans même me concocter un petit déjeuner au poêlon comme j`en ai l`habitude, je me rendis sur le lieu où le rat des champs se tenait la nuit passée.
De cet endroit, il était loisible à qui le voulait, aux intentions malicieuses, d`épier mon intimité à travers les fenêtres de ma maison. Immédiatement, je constatais ma vulnérabilité et un léger frisson de terreur se glissa tout le long de ma colonne.

Jetant un regard inquisiteur sur mon environnement, je pouvais encore distinguer des empreintes de semelles, laissées au sol, dans de la terre légèrement humide. Dès lors, j`étais désireux de satisfaire ma curiosité, mais surtout soucieux de corriger celui qui s`était payé ma tête, comme l`aurait fait un bon père de famille envers un fils dévoyé et rebelle.

Pour m`en douter, les traces me conduisirent vers le sous-bois qui se trouve de l`autre versant de ma colline. À cet endroit, se trouve un chemin de fer abandonné qui se perd dans une forêt dense et privée de clairières. À ma connaissance, personne n`osait s`y pointer le bout du nez... Mais, pour avoir perdu tout indice de retrouver mon scélérat, je tentais tout de même de m`y aventurer. Je n`eus tôt fait de déambuler la longueur de trois pas, le corps crispé et les oreilles aux aguets, que je découvris, au loin entre des arbres d`une sapinière primitive, une petite cabane au revêtement de toile rouillée, et dont l`allure était des plus délabrées. Plusieurs débris et rebuts traînaient ici et là autour de cette bicoque. Je pensais alors qu`il devait s`agir d`une ancienne cassine de chasseurs jusqu`au moment où j`aperçus de cet endroit, une épaisse fumée noire s`échapper d`un tuyau de plomberie en guise de cheminée.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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