jeudi, août 24, 2006

L`ermite de la forêt (Partie 2)

Complètement dissimulé derrière un énorme pin blanc, plus gros qu`un tonneau de vin, je surveillais discrètement la cabane d`un oeil scrutateur. J`attendais patiemment d`apercevoir celui qui était devenu mon pire ennemi.

Le temps d`attente me semblait long. Tout était immobile et silencieux dans cette forêt humide, sombre et profonde. Harassé par un nuage de moustiques et de mouches suceuses de sang, je pensais battre en retraite quand j`entendis, le grincement d`une porte de bois. Immédiatement, j`entrevoyais au travers des branches, un vieil homme à l`allure déglinguée. Vêtu d`un jean défraîchi et d`une chemise à carreaux, en pièces, dont les lambeaux pendaient deça et delà, il s`affairait à préparer un feu de camp sur lequel était adroitement suspendu une marmite en fonte.

Mais, de cet endroit, je ne pouvais l`identifier correctement. Alors, comme une fouine, je me pointais le bout du nez de plus près pour me cacher derrière un autre grand pin dont la cime qui, par un temps colérique, devait aisément cogner aux portes du paradis. Pour m`être déplacé comme une panthère, aux pas feutrées, je me mordis aussitôt la queue! Sur une cordée de bois de chauffage était accoté un long fusil...

Trop longtemps debout et stationnaire comme un piquet, je me fatiguais rapidement. Je ressentais des fourmis dans les jambes. Sans plus tarder, mes genoux s`entrechoquèrent. Pour me dégourdir, je reculais d`un pas. Or, à mon grand désarroi, j`ai eu la maladresse de mettre le pied sur une branche morte pour déchirer la quiétude qui y régnait.

Aussitôt, alerté d`un danger, le vieil homme bondissait sur son long fusil avec l`agilité d`un écureuil. Son arme sous l`épaule, le doigt tordu rivé sur la gâchette, il surveillait d`un oeil aiguisé de faucon le moindre mouvement suspect dans les buissons. Prêt à faire feu comme un soldat sous les armes, rien ne lui semblait échapper à son attention!

J`haletais et transpirais abondamment. Je savais pertinemment, que si je faisais la bêtise de déguerpir à toute vitesse comme une gazelle affolée, le forcené au visage ridé et ravagé par la haine me tirerait des balles dans le dos pour que ma poitrine ressemble étrangement à du fromage gruyère... Au moindre bruit, même le plus subtil, il brandissait sa carabine avec la souplesse et la certitude d`une aiguille de boussole. Soudainement, par comble du malheur, une pomme de pin tomba à mes pieds. Pas un centième de seconde ne s`était écoulé que le bout du canon était déjà pointé dans ma direction.

(à suivre...)


Le Chat botté,

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