dimanche, août 20, 2006

Le maraudeur (Partie 3)

Réalisant un danger inhérent, je me détortillais rapidement le corps pour me mettre à l`abri. Enroulé dans la draperie jacquard, les yeux fermés et tremblant de tous mes membres comme la feuille d`un peuplier par de fortes brises du Nord, je me souvenais alors d`une vieille superstition: "Lorsqu`une chauve-souris vole prêt de vous, cela signifie que quelqu`un vous a trahi ou ensorcelé!". Si l`une de ces bestioles répugnantes me valait déjà un mauvais sort pour mourir sans s`en apercevoir, je n`osais me casser le ciboulot pour une douzaine...

Après un instant d`émoi pour en perdre la raison, cette fois-ci, je tendis simplement l`oreille dans l`ouverture de la fenêtre. À mon grand soulagement, je distinguais un bruit de pas s`éloignant tranquillement vers le sous-bois. Or, même si le maraudeur s`en était allé, dégrisé d`un plaisir incommensurable, je demeurais néanmoins affolé comme une bête grièvement blessée dans son enclos. J`oubliais mon lit douillet et me rendis au rez-de-chaussée suivi de mon fidèle ami. Comme un coup de vent, je me précipitais vers la porte d`entrée pour vérifier si elle avait été bien verrouillée. Puis, pour me calmer les nerfs et hydrater ma gorge sèche, enrouée et irritée, je me dirigeais vers la grande cuisine pour me servir, de nouveau, un verre de cognac. Je n`eus fait fait longtemps d`avaler le précieux contenu pour m`en resservir!

Sans crier gare, un coup de froid me traversait le dos. La fraîcheur d`une nuit d`automne s`était déjà installée dans la maison. Je constatais alors que le foyer ne crépitait plus sa douce musique. À l`aide d`un soufflet, je le réanimais. D`un coup, de petites flammes paresseuses apparaissaient à travers les restes d`une bûche carbonisée. Je déposais quelques brindilles sèches de façon ordonnée ce qui ne tardait pas à réchauffer la pièce. Mais, même avec un gosier dilaté et un corps enflammé, je restais toujours agité. J`avais la bougeotte comme un feu follet un soir de printemps dans un cimetière! Je me demandais quel être ignoble pouvait s`amuser de mes tourments et pour quelle raison.

Tapant du pied, les deux mains appuyées sur le rebord de la tablette de la cheminée, les yeux fixes et les dents serrées, une phrase me traversa brusquement l`esprit: "Qu`est donc devenu le chaton?". «Billy!», m`écriais-je. Pour ne plus le retrouver sur le lieu où il avait l`habitude de se reposer, je me retournais violemment pour le rechercher du regard. Avec mes yeux de l`lynx, je ne tardais pas à le repérer dans la corbeille de "Cliffette", frissonnant de terreur sous la couverture. À l`instant rassuré que nous étions tous, sain et sauf, je m`assoyais dans mon fauteuil préféré pour me détendre comme je le fus au début de la soirée.


Le Chat botté,

Aucun commentaire: