jeudi, août 10, 2006

Une nature belle à croquer (Partie 2)

Aussitôt, à peine n`eus-je le temps de soupirer, qu`une bête, aux yeux de feux, me regardait sournoisement sous de longues frondes, pennées et retombantes, d`une fougère à l`autruche. Trop bien dissimulée dans une noirceur totale, je ne pouvais me faire une idée de sa nature. Devais-je m`en inquiéter pour prendre la poudre d`escampette?

La bête continuait toujours de m`observer et moi, le pauvre, je tergiversais...J`étais à la fois curieux et terrifié comme un môme en quête de sensations fortes. Quand, soudain, la créature se montrait le bout du nez. À l`instant même, je reconnus un chat à la frimousse adorable.

Encore une fois, accroupi genoux contre poitrine, je tentais de l`apprivoiser en imitant maladroitement le cri doux d`une souris. D`un pas de velours, il s`avança lentement, le ventre contre le sol, pour dévoiler complètement son corps. C`était un tabby tigré roux aux lignes plus foncées descendant tout le long de sa colonne vertébrale. Avec sa crinière ébouriffée, il ressemblait étrangement à un petit fauve. La tête baissée, les oreilles dressées et ramenées vers l`arrière, le dos en arque et le poil complètement hérissé sur l`échine, il me semblait en corère, voire même en rage! Mais, pour avoir eut la compagnie d`un chat depuis mon berceau jusqu`à tout récemment, il ne m`effrayait guère...

«Salut, mon p`tit lion!», lui dis-je sur un ton rassurant. Sans plus attendre, il me répondit par un impétieux grondement félin. Non surpris par son attitude cavalière, je me convainquais alors qu`il était de mauvais poils ce matin-là...

Au moment où je m`apprêtais à rebrousser chemin devant Sa Majesté pour l`abandonner à son royaume, un autre chat sorti de la même cachette. Cette fois-ci, je reconnus une belle American Wirehair avec sa robe noire et blanche au signe distinctif d`un "V" de poils blancs, inversé sur le front et s`étalant sous le menton jusqu`à la poitrine. Pour la voir s`approcher vers moi avec les yeux mi-clos, les moustaches relâchées, et tout en ronronnant une douce mélodie comme si elle était heureuse de retrouver son maître, je me rassurais alors de son caractère compatissant. Sans aucune hésitation, je la caressais doucement pendant que son matou, en retrait et sur ses gardes, me guettait du coin de l`oeil tout en remuant nerveusement le bout de sa queue comme la ligne d`une canne à pêche.

Tout d`un coup, un, deux, puis trois chatons de la grosseur d`un cornichon, passaient entre mes jambes, de derrière vers l`avant, pour gentiment me surprendre. Curieux, enjoués et charmants à croquer, ils se couraillaient à la queue leu leu.

Je remarquais que la chatte portait fièrement à son cou un collier à médaillon et sur lequel il était gravé "Chausette, 630, Chemin des Patriotes". Je connaissais bien ce lieu. C`était la ferme des Lamoureux. Pour exprimer mon désir d`adopter une petite boule de poils, sans plus tarder, je m`en allais retrouver le maître de la plantation.

(à suivre...)

Le Chat botté,.

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