lundi, septembre 04, 2006

Lancelot s`en va-t-en guerre (Partie 4)

L`horloge grand-père carillonna ses heures. J`aurais cru que cette fois-là, elle résonnait plus bruyamment que d`habitude!

Comme la veille d`un jour de l`an, je comptais fébrilement les Ding-Dong profonds, mais non pas avec joie et empressement! Il était onze heures. Sur le dernier coup retentissant, je me laissais dangereusement envahir par une peur de culpabilité. Je me doutais que le moment fatidique arriverait bientôt... Pour me souvenir de l`agilité avec laquelle le vieil homme de la forêt manipulait son long fusil, je m`imaginais entendre des cris de douleur et de détresse qui s`élevaient dans une clameur horrible. Mon seul désir était de tout gâcher pour que le complot tombe à l`eau! Mais, afin de ne pas flancher au risque de paraître un lâche aux yeux de mon courageux ami, je m`abstenus.

Debout devant le foyer qui répandait une chaleur douce, enveloppante et constante, je tremblais de tout mon corps pour m`en éclater les dents! Sans cesse, telle une poupée mécanique, je soulevais ma casquette pour me gratter machinalement le cuir chevelu. Sur la tablette de la cheminée, traînait une vieille bouteille de Cognac à moitié vide. Je la pris d`une main, la débouchonna de l`autre, et la lapais bruyamment à même le goulot. Aussitôt, étourdi pour en avoir le coeur sur la main, j`eus terriblement chaud. Je crus que le plancher de bois sur lequel je me trouvais, se dérobait sous mes pieds!

Pour éviter de m`écraser comme une mouche, je reculais d`un pas pour m`effoirer dans mon fauteuil de style bergère. Dès lors, j`entendis une voix d`outre-tombe qui me dit: «Prends garde à toi! Car, sinon, tu devras te repentir de tes actes...». Immédiatement, je me basculais de côté pour jeter un coup d`oeil tout autour de moi. Rien, ni personne ne s`y trouvait! Pourtant, j`étais persuadé de ne pas rêver. Je m`empressais de me pincer, puis de cogner du bois, afin de me convaincre de mes sens. Mais, j`en demeurais pas moins dans l`impasse! J`étais tellement engourdi que mon corps paraissait ne plus m`appartenir... Alors, une question me vint en tête: «un démon s`amuserait-il à me tromper pour me voir boulversé et effrayé?». Subitement, je bondissais de mon fauteuil comme si la foudre m`était tombée dessus. Cependant, pour aussitôt chanceler comme la flamme d`une bougie, je m`écroulais de nouveau dans mon trône pour m`y carrer profondément.

Le souffle court et brûlant, je cherchais désespérément à m`oxygéner les poumons encrassés par l`angoisse. Soudainement, le satané carillon résonna encore. Une heure s`était écoulée depuis ma dernière longue et profonde respiration. Je n`étais tout simplement plus capable de me contrôler ni de me supporter. À bout de nerfs, je sursautais comme un cabri en mal de vivre! Je ne cessais de penser à mon pote qui, seul dans le noir, veillait caché. Mais, sans même reprendre mes esprits, quelque chose venait de surcroît les troubler. De la fenêtre que j`avais laissé entrouverte par consigne, j`entendis un bruit de pas qui s`approchait lentement vers la maison. Le forcené des bois était tout près. Je crus devenir fou! Allais-je être responsable d`un massacre à la carabine?

(à suivre...)

Le Chat botté,

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