jeudi, septembre 28, 2006

Ma dernière tentation de l`été (Partie 3)

Pendant que je pataugeais comme un caneton, Jacinthe grimpait sur une roche arrondie tout près de la chute d`eau. Sous de chauds et colorés rayons de soleil, elle s`extasiait devant la beauté des paysages. Sa féminité était à fleur de peau! Dans une pose décontractée digne de la statuaire antique, elle me dévoilait candidement toutes les jolies courbes de son corps sous un amour d`ensemble, bustier à bretelles et tanga, en voile blanc aux motifs de petites fleurs roses. Ses cheveux dorés et sa peau satinée d`une orchidée, s`étincelaient comme des tissus précieux.

Ébahi comme un gamin devant une vitrine de glaces, je contemplais avec concupiscence les gouttes scintillantes qui perlaient doucement sur son corps. Pour ressentir soudainement une montée de plaisir qui me fut peu coutumière, je désirais plus que tout me blotir délicatement contre elle. Je me laissais donc volontairement envoûter par cette fille de bonne famille.

Immédiatement, je sortis de l`eau pour la rejoindre. Étreint contre son dos, chaud et soyeux, je sentis brusquement son corps se crisper. De mes doigts agiles, je chatouillais son petit bedon, à peine visible, tout en humant les doux parfums qui se libéraient de chaque pore de sa peau. Aussitôt, sa tête retombait en arrière pour s`accoter sur mon épaule. Sa respiration était palpable et il m`était facile de voir à quel point son désir était ardent...

Sans plus tarder, je me laissais emporter par la tentation de la chair. Je goûtais son cou de ma bouche et de ma langue. Comme une abeille posée sur une fleur, je la dégustais avec les papilles en me délectant des saveurs qu`elle m`offrait. Pour ne plus se contrôler face à la bête en rut que j`étais, elle se retournait promptement vers moi. Elle me regardait, un instant, avec des yeux pleins de gentillesse et me donnait ensuite un doux baiser.

Mais, dès que nos lèvres se faisaient front nerveusement et passionnément pour que nos langues se mélangeassent, nous entendîmes, tout près, un tapage infernal venant du lac. Trois canards à colvert s`envolaient à toute hâte pour généreusement nous éclabousser! Je me demandais ce qui put les effrayer, quand nous aperçûmes une boule noire aux poils lustrés sortir d`entre les roseaux et les quenouilles bordant la rive.

Dès cet instant, je figeais de peur devant ce jeune ours noir. Tous mes muscles étaient engourdis, comme anesthésiés par le froid. Les foutus maringouins pouvaient donc facilement tournailler autour de mon cadavre pour pomper allégrement tout mon sang!

Dans ma tourmente, j`avais oublié Jacinthe qui se faisait, pour une rare fois, silencieuse, jusqu`au moment où je la sentis dans mon dos pour se cramponner fermement à ma taille. Toujours immobile comme une pierre tombale, j`évitais de regarder la bête robuste dans les yeux de peur qu`elle nous attaque et dévore d`un plaisir sanguinaire... Cependant, pour l`entrevoir du coin de l`oeil, elle me semblait aussi inoffensive qu`une peluche au museau ciré en forme de cône!

Comme un chat épeuré, je restais néanmoins sur mes gardes... Puis, après un instant qui me parut éternel et intolérable, la petite boule de terreur cessa de nous renifler tout en grognant pour poursuivre tranquillement son chemin. Elle devait, sans doute, nous avoir confondus avec des épouvantails de champs aux odeurs inconnues... Alors, depuis longtemps dégrisé de nos ardeurs, Jacinthe et moi, nous reprenions désespérément notre souffle et nos esprits pour ensuite, quitter sur-le-champ ce petit coin de paradis. À cet instant, en silence, je m`étais juré de revenir avec ma pichounette une prochaine fois...

Le Chat botté,


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