dimanche, septembre 24, 2006

Ma dernière tentation de l`été

L`été fut catastrophique et la saison des récoltes approchait à grand pas. Nombreux furent les agriculteurs de ma région qui redoutaient ce moment. Car, durant les mois passés, le soleil se faisait taquin et capricieux pour daigner se montrer le bout du nez. Le sol n`avait même pas eu le temps de s`assécher pour qu`il soit de nouveau regorgé d`eau...

Toujours sous un ciel gris et pluvieux, nous subissions la colère de Zeus, le Roi des dieux et le dieu du Ciel et des Orages. Cependant, dans les champs, les grenouilles coassaient de bonheur. D`un bond à l`autre, sans crainte, elles piquaient la tête première dans des marres d`eau toujours profondes! De même pour les limaces et les escargots, ils étaient tous rassemblés en orgie sur des tiges, dévorant tout sur leur passage. Fort heureusement pour les cultivateurs, les grands hérons, les marmottes et les renards s`en donnaient, eux aussi, à coeur joie pour se rassasier de toutes ces bestioles juteuses et croustillantes. Chacun trouvait donc son compte, sauf ceux qui entrevoyaient une récolte généreuse...

Un bon matin, quand le soleil avait décidé de s`installer pour de bon dans un ciel bleu lumineux, je pris ma bicyclette et parcourais les routes étroites et sinueuses de ma campagne. La journée s`annonçait donc, pour une rare fois, splendide sous des rayons chauds et carressants.

Arrivé devant un champ de blé doré vacillant doucement au gré des vents, j`aperçus Lancelot, mon pote agronome, qui s`occupait à régler sa moissonneuse-batteuse de manière à éliminer les grains moisis pour ne garder que les grains sains. Ne voulant l`importuner dans son travail et surtout lui éviter de subir un crève-coeur pour ne pas m`accompagner dans ma randonnée, je poursuivais tranquillement mon chemin sans l`interpeller ni le saluer de la main.

Après avoir pédalé quelques minutes sur une brise légèrement parfumée à l`odeur de la rosée du matin, je reconnus au loin Jacinthe qui, corbeille à la main, cueillait des fleurs sauvages sur le bord des chemins. Elle était vêtue d`une jolie robe en popeline de coton et coiffée d`un grand chapeau de paille. Parmi des asters de couleur bleu de mer et des verges d`or du Canada, je croyais admirer une toile peinte de la main d`un artiste.

Jacinthe connaissait bien les lieux comme le fond de sa poche. Petite fille d`un fermier, elle avait grandi parmi les champs de cultures, les animaux de pacage et de basse-cour, et le fumier... Et, pour savoir que j`étais un garçon de la ville et nouvellement installé dans le secteur, elle m`invitait chaleureusement à l`accompagner à pied sur un petit sentier de terre parmi de hautes herbes folles que seule une personne avertie pouvait distinguer. Sans être pour autant un idiot, je me doutais bien que j`allais découvrir l`un des mille plaisirs de vivre à la campagne...

(à suivre...)

Le Chat Botté,


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