mardi, novembre 28, 2006

Ma vie sans dessus dessous (Partie 3)

Miss Daisy gémissait toujours. Elle me paraissait aussi vulnérable que les pétales d`une rose qui se flétrissent piteusement sur place sans tomber. Immédiatement, je prenais les choses en main. Je demandais à Lancelot de la raccompagner chez elle. Simplement vêtue d`une chemisette de nuit en coton aux imprimés des personnages de Disney, elle ne devait pas se rendre davantage malade par un froid de canard.

Je connaissais très peu Rocky, mais suffisamment pour savoir qu`il n`était pas l`un de ces idiots qui partirait au loin sans laisser une note ou un message. Malgré son parler dur et son allure de rebelle tatoué, il était le plus respectueux de ses engagements, le plus doux, et le plus sociable.

L`encan et l`abattoir d`animaux de pacage se trouvaient à plus de huit kilomètres de route de la ferme. Alors, j`écartais d`office cette piste pour concentrer mes investigations ailleurs. Après tout, quel fermier irait à pied vers ces lieux tout en tirant de ses mains un veau récalcitrant...

Comme première recherche, je décidais de jeter un coup d`oeil dans les bâtiments de la petite ferme. Je me doutais bien que mes tentatives resteraient vaines d`espoir, mais pour m`en assurer, je m`y dirigeais sans plus tarder. Tout me semblait normal sinon quelques bêtes agitées. Il m`était facile d`en faire l`inspection. Car, d`un simple demi-tour de tête, je pouvais tout voir, même le fond d`un trou à rat... D`une construction simple et vieillotte, les bâtisses n`étaient point aménagées de recoins inutiles. Évidemment, j`eus beau crier à tue-tête pour que son nom résonna à mille lieux, mais aucun écho de sa voix ne rebondissait à mes oreilles.

En quittant l`étable, je fus saisi par les ramages rauques et assommants de plusieurs corbeaux noirs. Tous perchés sur la corniche comme des écoliers en rang serré d`une cour d`école, ils me scrutaient avidement de leurs petits yeux charognards. Pour avoir fait la récente rencontre d`un Loup-Garou dans le coin de Mont-Laurier, je n`étais, à ce moment-là, nullement intéressé à me retrouver dans une autre aventure des plus rocambolesques... Aussitôt, je brandissais nerveusement mes bras en l`air comme un épouvantail animé. Affolés pour en perdre quelques plumes de leur queue arrondie, ils s`envolèrent dans un fracas d`enfer vers le sous-bois d`un champ fraîchement labouré. À la surface de la terre, je remarquais dès lors avec étonnement des traces de pas grossières qui se dirigeaient au loin...

(à suivre...)

Le Chat botté,

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