jeudi, novembre 30, 2006

Ma vie sans dessus dessous (Partie 4)

Je suivais les traces dans le champ comme un chien pisteur. Légèrement gelée en surface comme une mince croûte de glace, la terre labourée cédait sous chacun de mes pas. Pendant un moment, je me laissais tendrement bercer par de doux souvenirs. Mais, ce plaisir ne me fut que de courte durée... Car, à l`instant où je m`apprêtais à fracasser le sol à nouveau pour jouir d`un bruit sec du genre "Cric, Crac, Croc", mes deux jambes s`enfoncèrent dans une marre de boue jusqu`aux genoux. Je m`aurais cru pris au piège comme un rat. Impossible de me dégager sans m`enfoncer davantage.

Immédiatement, je me sentais raidir comme un bloc de glace. Une panique, qui ne me fut pas étrangère, m`envahissait à nouveau. Le souffle court et le coeur battant, je tentais de me ressaisir avant de perdre la boule! Je me souvenais alors des prouesses de l`un de mes personnages de B.D. préférées: Indiana Jones. En quête d`un trésor perdu, le célèbre archéologue aventurier s`était un jour retrouvé, malgré lui, coincé dans le sable mouvant. Pour se déprendre adroitement de ce gouffre mortel, il courbait la moitié de son corps vers l`avant afin d`assouplir son poids, et rampait comme un lézard. Sans plus tarder, je fis de même et me libérais aussitôt des griffes de la terre.

Le corps frissonnant et complètement recouvert d`une boue visqueuse, froide et humide, je reprenais, néanmoins, mes recherches tout en suivant la piste. Les traces me menèrent tout droit vers le sous-bois. Tout en prenant garde de sonder d`un pied la surface du sol avant d`avancer d`un pas, je reconnus au loin, le veau s`amusant à faire des cambrioles près d`une rigole d`eau gelée. Comme un chaton endiablé, le p`tit sacripant tournait joyeusement en rond pour attraper sa queue. Cependant, à mon grand désarroi, aucun nouvel indice de la présence de Rocky ne se manifestait sous mes yeux, grands et ronds.

Je laissais le veau à ses occupations pour pénétrer dans la forêt. Semblable à celle se trouvant sur ma colline, cette végétation regorgeait de feuillus et d`épinettes. D`un arbre à l`autre, des geais bleus voltigeaient nerveusement au ras du sol. Il ne fallut pas longtemps pour que je sois saisi, encore une fois, par les cris des corbeaux. Perchés sur les branches tordues d`un vieux chêne rabougri comme des boules de Noël défraîchies dans un sapin sans aiguilles, ces oiseaux de malheur se moquaient éperdument de mes tourments. Quand, pour me dresser les cheveux sous ma casquette, un gémissement d`une terreur mortelle provenant du coeur du sous-bois déchira aisément ce brouhaha au-dessus de ma tête...

(à suivre...)

Le Chat botté,

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