mercredi, novembre 15, 2006

Mon voyage au Pays du Loup-Garou (Partie 6)

Je restais debout et immobile au milieu de cet endroit exigu et sombre à l`atmosphère assez particulière. Pour être soudainement aveugle comme une taupe, je n`osais me risquer à faire un pas de peur de trébucher. Je sentais rapidement que l`air ambiant fut froid et humide. C`était autant sinon plus désagréable qu`à l`extérieur. Je grelottais au point de m`en disloquer les os.

Mon inconnu me semblait agité. Il fouillait nerveusement dans son grand sac. Tout d`un coup, j`entendis le frottement d`une allumette et tout le petit espace s`illumina. Devant la flamme d`une chandelle, un petit nuage de vapeur sortait de ma bouche à chaque fois que je soufflais. Comme un gamin poltron, je m`empressais aussitôt de lui arracher de ses mains cette source de chaleur pour me réchauffer un tant soit peu les doigts gelés.

Je pus me réconforter un moment. Mais, pour avoir du mal à avaler ma salive, je cherchais des yeux la caisse de bière que j`avais volontiers transporté de peine et misère durant mon voyage dans la forêt. Je souhaitais hardiment que cette précieuse victuaille n`ait pas éclaté en mille morceaux par le gel. Heureusement, à mon grand soulagement, mes appréhensions furent trompeuses. Je me dépêchais donc de décapsuler une bouteille pour soulager mon gosier enflammé puis, par adresse, j`en lançais une p`tite frette à mon inconnu qu`il attrapa aisément au vol.

Dans un coin de la pièce se trouvaient deux petites chaises de bois à fond paillé et tressé. Immédiatement, je les empoignais pour les disposer l`une devant l`autre entre la chandelle de suif que j`avais méticuleusement inséré dans une craque du plancher. Assis face à face, je le regardais silencieusement un instant sur une lumière vacillante de couleur jaune orangé. Je remarquais quelque chose de bizarre. À ma grande stupéfaction, je crus un moment que la morphologie de son visage avait changé. Pour croire que mon malin génie tentait encore une fois de me duper, je me frottais les yeux énergiquement et m`approchais lentement vers mon hôte pour le dévisager sans façon. Surpris de mon comportement, il s`enfonçait aussitôt dans le dossier de sa chaise. Dès lors mal à l`aise pour mourir de honte, je feignais être malade pour perdre toute coordination et, je me convainquis que mon imagination avait une fois de plus débordé par de simples jeux d`ombres et de lumières.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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