samedi, novembre 11, 2006

Mon voyage au Pays du Loup-Garou (Partie 4)

La tempête faisait rage. Seuls sur la route, nous faisions la trace dans une neige lourde et collante. Dans l`intervalle, la température avait chuté tragiquement pour glacer l`antigel dans les laves glaces. Les deux mains bien crispées sur le volant et le dos courbé, j`étais nerveux au point de sursauter dans cette nature déchaînée. Mon mystérieux passager ne semblait s`en faire outre mesure. Lui qui venait d`un coin de pays sauvage où la vie devait être spécialement difficile, sans doute en avait-il vu d`autres plus dangereuses et terrifiantes!

Pourtant, rien n`arrangeait les choses. Même si je roulais à la vitesse d`une calèche du dimanche, les derniers indices qui me permettaient de m`enligner sans risquer de me perdre dans le gouffre d`un énorme et profond fossé disparaissaient un à un sous une épaisse couche de neige glacée. À cet instant, j`aurais cru me retrouver dans l`arcticle d`un grand désert blanc où les forces de la nature peuvent en un rien de temps bouleverser la vie d`un homme pour à jamais le tourmenter.

Tout d`un coup, pour l`avoir craint comme la peste depuis le début de mon calvaire, ma batterie tomba à plat... Il m`était désormais impossible de rouler en voiture. Mon trip de char venait tout juste de prendre une autre tournure... J`étais désemparé. Dans le fin fond du Nord des Laurentides, dépassé Mont-Laurier, je me doutais que, pendant quelque temps, nous étions pour les secouristes le cadet de leurs soucis!

Je regardais avec désespoir le type qui était assis à côté de moi. Cependant, dans mon malheur, je me réconfortais de ne pas me retrouver tout seul dans un tombeau que jamais je n`aurais imaginé comme tel... Pour être certain qu`aucun policier n`apparaîtrait sournoisement à la fenêtre de ma portière un carnet de billets de contravention à la main, j`empoignais une bouteille de bière et, à mon tour, je me désaltérais sans façon. Après tout, à ce moment-là, je m`étais convaincu qu`il valait mieux pour moi de mourir ivre, chaud et joyeux plutôt que troublé, gelé et raide comme une queue de castor...

Soudainement, mon inconnu me jetait un regard inquisiteur et me demanda froidement: «t`es capable d`enjamber des bancs de neige sans pomper comme un phoque?». «Ouais...», lui répondis-je avec hésitation. «Prends tout ce qui est utile et nécessaire dans ton truck pour survivre en forêt et suis-moé...». Aussitôt, je me dégourdissais les jambes pour me dépêcher de trouver et rassembler ce qu`il m`avait demandé. Jamais je ne m`étais retrouvé dans une telle situation. Nouvellement paysan, je n`avais acquis aucune connaissance des techniques de survie. Pendant que mon sauveur s`emparait de son grand sac en peau de vache à l`arrière de la fourgonnette, je me pressais de prendre mon téléphone cellulaire, une couverture de polar et ma caisse de bière et le suivais de près dans ses pas.

(à suivre...)

Le Chat botté,


Aucun commentaire: