samedi, novembre 18, 2006

Mon voyage au Pays du Loup-Garou (Partie 7)

Le temps s`écoulait comme l`eau dans une passoire. Toujours assis devant mon mystérieux inconnu, je bavardais comme une pie sous son nez. Seuls des hochements de tête ou des soulèvements de sourcil désabusés venaient de temps à autre troubler son visage de glace.

Alors que j`abordais avec émoi mes récentes mésaventures dans les bois où je m`étais perdu sous un ciel noir pour me retrouver seul avec un loup affamé, mon hôte me semblait, à cet instant, plus qu`intéressé. Il voulait s`enquérir des moindres détails. Non pas ceux qui me concernaient, mais plutôt ceux de la nature de la bête.

Je restais perplexe face à ses questions bizarres et saugrenues. Moi, qui était sur le bord de perdre la raison quand le loup rôdait sournoisement tout autour de ma carcasse, comment aurais-je pu reconnaître son sexe, son rang au sein de la meute et ses traits de caractère sinon qu`il dégageait une odeur pestilentielle de sa gueule? Pourtant, malgré mon ingnorance, mon inconnu s`acharnait toujours sur moi comme un disque rayé qui scande à dix reprises en moins de quinze secondes. Les yeux sortis de tête pis la langue pendante, cet homme grand et fort comme un dinosaure me donnait la chair de poule.

C`était à mon tour de garder le silence même si j`eus envie de lui crier par la tête toute la rage qui s`était depuis peu installée en moi. Il était totalement indifférent à mes émotions. Comment aurais-je pu ne pas lui en vouloir? «J`tais pas une louve en rut...», lui bredouillais-je tout bas entre mes dents serrées. Soudainement, comme un serpent géant surgissant inopinément des abîmes de la mer, mon assaillant se leva avec vivacité pour que sa petite chaise rebondisse sur le mur. Debout devant moi, pendant qu`il me jetait un regard tragique à transpercer la chair de mon âme, je me sentais aussi vulnérable qu`une petite brebis égarée.

Je ne savais plus quoi faire ni quoi penser. Étais-je devenu la proie d`un meurtrier sanguinaire? À cet instant, je commençais à regretter mon choix de l`avoir suivi aveuglément dans la forêt. Je souhaitais hardiment que mon ange gardien me vienne en aide. Je fermais les yeux et tentais de me résonner.

Entre-temps, le froid et l`humidité avaient gagné sur moi. Pour sentir mes jambes engourdies et grosses comme des pastèques, je donnais un coup de pied dans le vide pour involontairement renverser la chandelle sur le plancher. Immédiatement, la petite pièce tomba dans une noirceur totale. Je croyais qu`après cet incident, tout redeviendrait à la normale pour que chacun retrouve son sang froid lorsque par hasard, une bête bondissait sur la toiture de la cabane. Ses pas lents et pesants résonnaient comme des tambours entre mes deux oreilles bien tendues. Aussitôt, mon inconnu commençait à renifler bruyamment comme un chien. Entre deux inspirations sifflantes, il recherchait une odeur qui me fut complètement imperceptible.

(à suivre...)

Le Chat botté,



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