dimanche, décembre 17, 2006

Ma vie sans dessus dessous (Partie 11)

Je ne pouvais plus me retourner le corps ni même la tête. Complètement paralysé, j`étais devenu la statue jumelle de Rocky qui le pauvre devait sans doute rendre son dernier souffle près d`un feu de camp réduit en cendre parsemé de braise. Tous les deux, chacun de son côté, nous agonisions atrocement dans la tyrannie d`un froid polaire.

Soudainement, je sentis quelque chose me chatouiller le cou. Même si je ne pouvais plus bouger pour trembler de tout mon corps comme un jeune feuillage au vent, je transpirais de peur. Le coeur sous la main, j`étais prêt à gerber tout mon p`tit déjeuner. D`un simple coup de dents et je devenais un pâté de première qualité! Mais, j`eus droit à un autre calvaire avant de subir mon coup de grâce. Comme si la bête voulait célébrer gaiement sa trouvaille, elle muglait sans retenu pour que je sois étourdi de son triomphe. J`aurais cru qu`il s`agissait d`un animal blessé fuyant l`autel du sacrifice tellement que son hurlement était perçant. Puis, plus rien. L`animal démoniaque s`était tu.

Le temps me paraissait long. L`écho des cris résonnait toujours entre mes deux oreilles quand, pour me surprendre, des lichettes chaudes et gluantes me varlopaient sans façon le cuir chevelu et le visage. Aussitôt recouvert de bave dégageant une forte odeur de lait caillé, je me doutais qu`il devait s`agir du veau.

Le p`tit sacripain n`en finissait plus de me surprendre. À chacun de mes respires d`un naufragé en haute mer déchaînée, il insérait sa longue langue dans ma bouche grande ouverte. Si je ne devais être dévoré de la tête aux pieds comme un poisson frit dans le bol d`un gros matou, je crus achever ma vie, étouffé comme un condamné à mort la corde au cou...

Toujours dans le "flic flac" d`un toilettage en règle, une lueur apparaissait pour complètement éblouir la forêt. Sans plus tarder, j`entendis le grondement d`un moteur au loin. Quelqu`un criait à gorge déployée: «Ho Hé! ...Ho Hé, je m`en viens...». Immédiatement, je reconnus la voix de Lancelot. Debout sur son cheval, à quatre roues, il se dépêchait de nous rescapter, Rocky et moi. Allongé dans une remorque près de mon héros toujours en vie, je pouvais voir le p`tit torrieux aux yeux ronds et noirs qui, bien attaché par le cou, tentait de nous rattraper aux galots pour poursuivre ses longs baisers. À cet instant, je ne pus m`empêcher de sourire, car, après tout, c`était grâce à son mugissement glorieux que Lancelot nous retrouva...

Le Chat botté,

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