vendredi, décembre 29, 2006

Un Noël inoubliable (Partie 7)

La neige qui s`était accumulée rapidement sur la toiture en arc tombait aussitôt au sol pour retentir comme des coups de canon. Une décharge n`attendait pas l`autre! Le rez-de-chausée était déjà complètement enseveli dans une mer poudreuse, blanche, froide et opaque. Il m`était donc impossible de m`échapper de ma maison sans sauter dans le vide d`une fenêtre de l`étage. Mais, avant de me précipiter les deux pieds joints dans un banc de neige gros comme une montagne, je réfléchissais un instant. Si toute cette neige se faisait aussi dangereuse et meurtrière que du sable mouvant, pensais-je le sourire en coin?

Dans un sentiment extrême de désespoir, j`eus déjà songé à quitter mon enveloppe pour rejoindre la fluidité de l`espace, et pas qu`une fois... Cependant, même dans mes délires les plus sombres et tragiques, jamais je ne m`étais imaginé perdre la vie comme dans le mythe de la petite fille aux allumettes!

Je savais qu`il faut trois mois pour mourir de faim, un mois pour mourir de soif et seulement une nuit d`horreur pour mourir gelé. Or, dans mon cas, je me doutais bien qu`il en serait tout autrement... Car, je n`ai jamais eu de chance, du tout, même pas à la loterie! Tout se frigorifiait déjà en moi. D`abord mes pieds, puis mes mains qui se fermaient en poings et, enfin, mon sang qui se cristallisait doucement pour faire crisper mon coeur de chagrin.

Dans cet air sinistre de caniveau, je me rongeais les os, et pour cause! La pénombre hivernale ne tardait pas à s`installer confortablement sur ma campagne que déjà la température ambiante de ma maison se situait au-dessous des dix degrés Celcius. J`eus beau brûler tout ce qui me tombait sous la main, mais rien n`y faisait! Cette humidité glacée qui vous transperce le dos comme un coup de poignard avait tragiquement pris possession des lieux. J`étais prêt à vendre mon âme au diable que le froid fut plus mordant à l`intérieur qu`à l`extérieur. Néanmoins, poltron que je suis, je n`osais m`enquérir de la situation et me résignais à demeurer sur place le baluchon sur l`épaule.

Assis sur le rebord de mon lit, je méditais comme un condamné serein. Je souhaitais hardiment un miracle. Sans le vouloir, une funeste musique de claquement de bottines et de dents animait tristement la chambre qui se voulait mon tombeau. La seule chaleur qui restait pour me réconforter était celle qui me sortait de la bouche sous forme de vapeurs blanches. Alors, avant de sombrer dans l`inconscience, je me glissais sous les couvertures en compagnie de Cliffette et de Billy. Pour une rare fois, l`animosité entre chien et chat avait disparu à cet instant, signe que la situation était catastrophique...

Tout était calme, très calme. Même le carillon de l`horloge Grand-Père s`était tu! Je sentais mon souffle s`enfuir sans que je puisse le retenir. Une dernière fois, je flattais maladroitement la fourrure de mes amis pour me dégourdir les doigts gelés quand, venant de l`extérieur, j`entendis le bruit des grelots retentir au loin sur ma colline. Immédiatement, par une force qui m`était inconnue, je bondissais de mon lit le premier pour me projeter à la petite fenêtre comme un chat affamé sur sa proie. Après avoir frotté énergiquement de la main un petit carreau recouvert de givre, je reconnus Lancelot qui, à la lueur d`une lanterne, guidait prudemment un magnifique cheval "Canadien" à la robe noire tirant un traîneau. Les deux mains tendues vers le ciel, je bénissais mon sauveur. J`en concluais que ce Noël blanc, n`était certes pas celui que j`eus rêvé, mais qu`il serait, malgré tout, inoubliable!

Je vous adresse mes meilleurs voeux pour la nouvelle année. Que l`année 2007 soit remplie d`amour, de paix et de prospérité pour chacun d`entre vous!

Le Chat Botté,


Aucun commentaire: