vendredi, décembre 22, 2006

Un Noël inoubliable (Partie 3)

Cliffette aboyait sans arrêt le museau collé à la fenêtre. Quelque chose devait inévitablement attirer son attention. Je me dirigeais alors rapidement vers ce lieu pour me risquer à y jeter un coup d`oeil. J`étais horrifié! Depuis ma venue à la campagne, je n`avais rien vu de semblable. Dans un ciel plus sombre que le fond d`un vieux tonneau, des éclairs déchiraient la nuit sans répit pour tout illuminer le paysage de ma colline comme en plein jour.

Sur un vent du Nord qui s`élevait en rafales puissantes, les branches des arbres s`agitaient tragiquement. J`aurais cru qu`à cet instant ma forêt s`animait soudainement de mille et un dragons vert émeraude aux écailles résistantes et brillantes comme des couteaux... Pourtant, malgré ma stupéfaction, j`étais certain de ne pas fabuler comme un gnome. Dans un geste désespéré, un conifère planté trop près de la maison, fouettait avec vigueur contre la fenêtre du salon ses grands bras griffus pour me rappeler que tout était vrai...

Je restais bouche-bée! Était-ce un mauvais présage? Celui qui m`averti d`un danger imminent... Pour me sentir à l`abris et en sécurité dans le doux confort de ma petite maison de pierres, je m`inquiétais guère! Après tout, pourquoi le ciel me tomberait-il sur la tête, pensais-je insouciamment... Alors, devant cette nature déchaînée et menaçante qui m`observait d`un air colérique, je lui fermais brusquement les draperies sous son nez!

Or, avant même que j`eus le temps de me retourner, je payais fort le prix de mon arrogance... D`un acte renversant, la cheminée toussa sans façon ses bouffées d`angoisse. Immédiatement, je me perdis dans une nuée étouffante. Je crus en mourir! Pour ne pas y laisser ma peau, je décidais de déguerpir comme un rat qui quitte le navire... À quatre pattes sur le parquet de bois, je cherchais désespérément à taton une porte de sortie. Mais, pour aussitôt me retrouver dans une tempête de poussière, il me semblait qu`étrangement tous les meubles du salon étaient déplacés...

Plus rien n`allait! Dès que je sortis à l`extérieur, une autre tragédie m`attendait. Une pluie diluvienne s`abattait inlassablement sur moi pour me tremper jusqu`aux os. Avoir reçu un sceau d`eau glacée sur tout mon corps ne m`eût été plus désagréable! Malgré tout, je cherchais de quoi nourrir mes poumons affamés quand pour me courber l`échine, une énorme branche de mon grand saule s`affaisait à mes pieds. Instantanément, la lumière de la lanterne murale s`estompa pour disparaître totalement. À la veille de célébrer Noël, une panne électrique me plongea dans l`obscurité totale.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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