lundi, décembre 25, 2006

Un Noël inoubliable (Partie 5)

C`était le matin de Noël. Debout et immobile comme un pinguoin d`Afrique, le nez collé à la petite fenêtre de ma chambre, je m`émerveillais devant le magnifique paysage d`hiver qui s`étalait sous mes yeux grands et ronds. Il était à couper le souffle. Tout était givré de blanc translucide pour scintiller de mille feux sous un soleil radieux. La température s`était graduellement refroidit durant mon sommeil agité pour figer la nature et lui donner une allure arctique.

Rien ne fut épargné. Les troncs de bouleaux blancs s`étaient recourbés, les branches des sapins semblaient fatiguées et ma colline ressemblait étrangement à une gigantesque glissade. Seuls deux ou trois geais bleus se risquaient encore à quitter la protection de leur nid pour picoter sur les croûtes de glace quelques graines herbacées que le vent avait transporté.

Billy était toujours accroché fermement à mes habits de nuit. Mais, dès que je me mis involontairement à éternuer et à tousser comme un phoque, le malheureux déguerpissait loin comme un boulet de canon en emportant avec lui un lambeau de ma culotte. "Sapristi! J`ai attrapé froid...», murmurais-je. Pour avoir goûté les méfaits d`une nature colérique, j`en avais pris pour un bon rhume!

Dans ma misère, je constatais que j`étais toujours privé d`électricité. Aucun radiateur faisait son bruit pénible du genre: "Brzz...trr...prr...brr". Tout était silencieux comme une huître dans la maisonnée. Rien ne vrillait mes oreilles sinon le carillon à balancier de l`horloge Grand-Père qui me rappelait que le temps s`écoule toujours lentement quelles que soient les circonstances...

La journée s`annonçait donc splendide. Je chaussais mes vieilles pantoufles trouées, mais confortables, enfilais ma robe de chambre de velours moiré et descendis au rez-de-chaussée où m`attendait patiemment Cliffette son bol de croquettes à la gueule. Je demeurais néanmoins fatigué et tournais en rond. Je ruminais les mêmes idées et les mêmes images, celles de mon cauchemar de la veille. Avaient-elles un sens, me demandais-je en silence?

Dans mes perturbations, le froid ne tardait pas à me paralyser pour me transformer rapidement en un bonhomme de neige. Avec un nez qui coulait sans cesse comme une fontaine, il était temps pour moi que je me réveille de mes songes et que je me dégourdisse les membres pour allumer un grand feu de foyer.

Comme il ne me restait plus de bois de chauffage à la portée de la main, je devais obligatoirement me rendre à l`extérieur pour m`en procurer d`autres. Mais, dès que j`ouvris avec peine la vieille porte de bois qui s`était quelque peu coincée sous une pluie cinglante et glacée, quelle ne fut pas ma surprise d`apercevoir d`énormes glaçons qui pendaient de la corniche jusqu`au sol pour me barrer le chemin. Tétanisé comme une momie, je crus me retrouver prisonnier dans un sarcophage, de glace! Pourtant, à cet instant, je ne me doutais pas que cette impression anodine allait devenir sous peu une réalité tragique...

(à suivre...)

Le Chat botté,

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