mercredi, décembre 20, 2006

Un Noël inoubliable (Partie 2)

Le soir venu, j`étais épuisé à mort pour m`être échiné durant toute la journée à quelques besognes de forcené. Sur une musique, douce et réconfortante pour mon âme, je me prélassais comme d`habitude les doigts de pied en éventail dans l`âtre du foyer où crépitait joyeusement une grosse bûche de noyer. Un petit cigare dans une main et un verre de Cognac dans l`autre, je ne tardais pas à tisonner dans ma solitude de doux souvenirs d`antan.

L`atmosphère d`un air de fêtes y contribuait grandement. Après avoir quitté mon potager et juste avant de regagner mon bercail, je décidais de parcourir mon sous-bois au hasard de ma balade pour y rechercher un sapin. Mais, pas n`importe lequel! Le vrai sapin de Noël... Comme à chaque année, j`accomplissais cette tâche avec sérieux. Parmi une multitude d`arbres, je sondais d`un oeil aiguisé chacun de ceux-ci pour finalement trouver celui qui était digne de trôner majestueusement dans mon salon près du grand foyer. D`une charpente droite et garnie de nombreuses branches aux aiguilles longues d`un vert foncé lustré, je l`abattus gaiement la hache à la main.

Tout était calme dans la maisonnée. Chacun vaquait à sa paresse... Mon beau sapin me dilatait agréablement les narines de son subtil parfum à l`arôme boisé très prononcé. Les yeux fixés sur des flammes hypnotiques, je me remémorais tendrement l`un de mes Noël préféré.

Alors que j`étais encore un p`tit cul, pas plus haut que trois pommes, j`avais volontiers, et en cachette, quitté la chaleur et la sécurité de ma couchette au milieu de la nuit pour crècher avec ma peluche sous un énorme sapin naturel situé dans le grand salon où j`avais peu l`occasion de m`y retrouver durant l`année. Je me souvenais que cet arbre fut tout décoré de guirlandes, de lumières et de parements riches et scintillants. Parmi des cadeaux aussi beaux les uns que les autres, je souhaitais la venue du vieil homme grassouillet, à la barbe blanche et au sourire sympathique. Le lendemain matin, sans doute tout recroquevillé comme un foetus, ma mère me réveilla doucement, le sourire aux lèvres, et me signifiait de sa main un présent que je n`avais pas repéré sous le sapin. Il était encore plus gros que les autres. Je tambourinais de joie à la vue de ma première voiture. C`était une brouette en bois avec laquelle j`eus arpenté pendant longtemps des chemins aux découvertes sans fin.

J`étais heureux dans mes souvenirs! Avec une agréable fumée de cigare qui avait caressé ma gorge et quelques gorgées d`eau du paradis qui eurent réchauffé ma poitrine et l`esprit, je recherchais tendrement les bras de Morphée quand, pour ne plus me rappeler du temps qui s`était écoulé, j`entendis un bruit sourd à la fenêtre derrière moi. Aussitôt, sur son garde-à-vous, "Cliffette" aboya bruyamment le signal d`alarme. Au même instant, "Billy", tantôt couché en boule sur la tablette du foyer, bondissait sur le sol pour déguerpir je ne sais où, le poil tout hérissé. Le diable était aux vaches! Une panique s`était dangereusement emparée de nous...

(à suivre...)

Le Chat botté,




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