dimanche, décembre 10, 2006

Ma vie sans dessus dessous (Partie 7)

Le temps m`était compté. Je devais agir vite. Suspendu d`un pied par un filet d`acier, le visage de Rocky, bouffi, tournait dangereusement au violet. La situation était sans espoir à moins d`un miracle.

Reprenant le contrôle de mes nerfs, je grimpais à l`arbre comme un singe. Le pin blanc était long, dur et largement collé de résine odorante. Comme il me fut impossible de couper le filet sans un ciseau approprié, je donnais des coups de pied sur la branche sèche et rabougrie qui se prêtait de poulie. Cependant, j`avais peur, très peur. Peur de tomber... C`est pourtant le malheur qui se produisit!

Non seulement la branche sur laquelle je me défoulais du pied se cassa pour libérer mon héros de sa fâcheuse position, mais aussi celle qui me permettait de m`agripper solidement d`une main. Sans plus de soutien, je dégringolais dans le vide comme un fruit mûr pour m`affaisser violemment au sol sur le corps meurtri de Rocky. Immédiatement, sur l`impact de ma chute, plusieurs pièges à mâchoires dissimulés non loin dans une végétation défraîchie s`entrechoquaient pour retentir un bruit de ferraille des plus terrifiants. La forêt avait serré les dents dans sa colère...

Abasourdi, je me questionnais sur l`espèce animale que les braconniers salopards désiraient capturer? Sans plus tarder, Rocky reprit conscience. Il s`agitait nerveusement des bras et des pieds comme un bébé dans son berceau pour chercher désespérément de quoi respirer. Complètement allongé sur son cadavre, je l`étouffais sans m`en rendre compte. «Tasse-toé d`là...», me dit-il d`une voix enraillée. «T`inquiète! Je voulais simplement écouter le gargouillement irrépressible de ton estomac vide...», lui répondis-je, l`air désolé.

Mon héros était plus amoché que je le pensais. Incapable de bouger, il ne pouvait marcher jusqu`à la ferme. Mais, il en était de même pour moi... Ressentant des douleurs au niveau de la cuisse gauche, je souffrais le martyre pour grimacer à jamais comme un chien malheureux. Ne pouvant s`aider ni l`un ni l`autre comme deux frères, nous étions dans de beaux draps comme deux idiots...

(à suivre...)

Le Chat botté,

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