mardi, octobre 03, 2006

De mauvais présages (Partie 2)

Tantôt éreinté, écrasé et brisé comme un vieux cuir, je fus subitement réanimé comme Lazare. Mon coeur battait à vive allure. "Billy" cessa de ronronner pour s`ébourrifer le poil sur son dos. Il grimpa rapidement sur ma jambe pour finir sa course sur mon épaule. Avec ses griffes acérées et non rétractées dans ma chair, je crus, un instant, me transformer en un tronc d`arbre duquel il tomberait des copeaux de bois... La "chose" poussait un autre cri diabolique, puis un deuxième. Jamais de ma vie de citadin, je n`avais entendu quelque chose d`aussi effroyable! Je pensais que ça devait être l`une de ces bêtes monstrueuses qui s`amuse à terroriser les paysans... Et, pour cela, j`hésitais à me rendre vers la première fenêtre pour m`enquérir de la situation.

Cependant, pour avoir suffisamment tergiversé comme un âne et un pleutre, je bougeais donc d`un pas. Mais, pour rien n`y comprendre, je ne pouvais pas. Mes jambes restais paralysées comme si un scorpion m`avait piqué. La bête avait, pendant ce temps, repris ses hurlements pour faire frissonner le plus insensible des adeptes de films d`horreur. "Cliffette" se mettait à la partie pour japper à son tour. Alors, pour en finir avec ce calvaire, je me dirigeais vers la fenêtre tant bien que mal en me traînant les pattes...

Le souffle court pour respirer par le ventre et les mains tremblantes, je soulevais le châssis à guillotine et sortis la moitié de mon corps. Heureusement, "Billy" avait déguerpi de mon épaule et cela, à mon insu. Comme par hasard, je ne sentais plus les douleurs associées aux égratignures! La tête au grand vent d`automne, j`attendais impatiemment d`apercevoir la terreur qui fut la cause de tous mes malheurs matinaux. Des grognements retentisaient au loin, pour se rapprocher rapidement, de plus près. Soudainement, je vis une petite créature, courte sur pattes avec une tête nettement pointue, longue et aplatie tourner le coin de ma maison pour longer la façade. Son corps long et mince pourvu d`un gros cou me faisait penser à un matou épeuré marchant sur son ventre!

Je crus reconnaître une belette. Heureusement, qu`elle ne m`avait pas remarqué! Car, je connaissais les superstitions que les paysans entretiennent à son égard. Si une belette affolée croise le regard d`un être humain pour se sauver vers sa gauche, c`est un signe de mauvais augure. J`en souhaitais pas plus déjà que j`étais mal barré! La bête continua sa course folle. Mais, sans crier gare, mon destin avait frappé! Le châssis de bois se referma pour tomber sur ma colonne vertébrale. Abasourdi, je poussais un grand cri de douleur à réveiller les maccabés. Immédiatement, pour se retrouver sous mon nez, la belette me repéra. Elle me regardait droit dans les yeux sans bouger d`un poil. Le temps me semblait très long. Qu`allait-elle faire? Dans quelle direction s`enfuira-t-elle, à droite ou à gauche? J`avais l`impression de vivre le jeu suicidaire d`un pistolet sur la tempe: en tirant, si je suis encore vivant, c`est que j`ai gagné!

Après un instant à me couper le souffle, je vis la bête se lever la queue et arquer son dos. Elle me fixait toujours. Mais, par comble du malheur, je l`aperçus se sauver vers sa gauche tout en sifflant... Que me réservera l`avenir? Désemparé comme un épouvantail à qui on aurait coupé les quatre membres, je brandissais mes bras, comme pour invoquer le ciel, et criais mon désarroi aux loups.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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