dimanche, octobre 15, 2006

Le vieux fermier n`était pas complètement mort! (Partie 2)

J`étais bouleversé! Jamais, je ne vus Jacinthe dans un tel état. Son corps nu et sans défense sous une robe de nuit en mousseline bleu ciel m`inspirait quelque chose de rare. Je la reluquais silencieusement, la bouche grande ouverte et la langue pendante, pendant qu`elle déambulait quand le klaxon strident d`un camion me ramenait brutalement à la réalité. Sur la route de campagne vers laquelle ma choupette se dirigeait sans détour, une excavatrice roula à vive allure. Aussitôt, je laissais tomber le balai sur lequel je m`appuyais pour m`élancer aux pas de course vers ma belle misérable. Je n`eus juste le temps de l`agripper par le bras avant qu`elle se retrouve sous les roues du mastodonte!

J`étais hors d`haleine et mon coeur battait à coups pressés. Je m`affolais comme un tourbillon de rivière avorton. Debout et immobile devant moi, elle me semblait ailleurs, inaccessible, froide et pleine de démons. En la ramenant vers la maison, je me demandais ce à quoi elle avait pensé. Tout d`un coup, sans crier gare, elle poussa un éclat de rire hystérique pour me faire dresser les cheveux. La tenant par la main, je sentais toute la foudre en elle qui la terrassait. Ses ongles bien encrés dans ma chair, je criais en silence ma douleur. Désemparé comme un enfant perdu, je tentais de la raisonner, mais en vain. Ma mignonne avait perdu l`esprit!

Si devant la porte de l`étable, elle m`eut involontairement excité d`un plaisir éruptif, dès lors, elle me faisait un peu peur... Je la regardais s`agiter comme un diable dans l`eau bénite pendant qu`elle me tenait toujours la main dans la sienne. Mon bras, avait doublé de volume en l`espace de quelques secondes, pour être secoué brusquement de tout bord et de tout côté. Heureusement pour moi, que son autre main ne me menaçait pas d`un long couteau pointu et affilé! Puis, sans m`en attendre, à bout de souffle, ma belle démoniaque s`affaissait à mes pieds dans l`herbe sèche et dorée pour ne plus bouger.

De retour dans sa maison, je la déposais délicatement sur son lit. Elle était toujours inconciente. Soudainement, un rayon de soleil perça le ciel ennuagé pour illuminer sa chambre. J`observais tendrement son visage endormi. Malgré la beauté de ses traits divins, comme un papillon au couleurs de nuit, elle me semblait planer au-dessus d`une vallée profonde et obscure.

Instantanément, une chaleur m`assaillait pour me suffoquer. L`air de la petite pièce s`était considérablement réchauffé. J`entrouvris doucement la fenêtre de bois pour respirer à pleins poumons une légère brise d`automne quand, sous mes yeux ébahis, j`aperçus Lancelot marcher lentement dans le chemin de la ferme, le dos légèrement arrondi vers l`avant, les mains dans les poches de sa veste de jeans et la casquette à palette retournée. À cet instant, je me dépêchais de le retrouver pour l`avertir du tragique événement.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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