lundi, octobre 23, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 3)

D`un pas à l`autre dans cette étendue boisée, devenue rapidement dense et impénétrable, je furetais partout le moindre indice de sa présence tout en demeurant circonspect du regard sur les descentes abruptes, les trous dissimulés par la végétation et les cadavres d`arbres au ras du sol. L`humus et les feuilles mortes m`exhalèrent discrètement leur parfum suave sous mon nez. En repoussant avec précaution les branches sèches à la base d`un tronc d`épinette, l`une d`elles se fracassait d`un coup pour résonner comme un tir de carabine. Par ma faute, j`avais rompu involontairement le silence et la quiétude si particuliers en ce lieu.

Immédiatement, afin de m`avertir de mon insouciance maladroite, un minuscule écureuil roux dégringolait aisément de cet arbre pour s`arrêter sur une branche juste au-dessus de ma tête. Avec ses yeux noirs furibonds, il me poussait, promptement de sa petite gueule entrouverte, des "Tchic, Tchic, Tchic" constants et aigus tout en tambourinant nerveusement de ses pattes arrières. Je le regardais, un instant, se démener comme un petit diable pendant que mon chien lui obtempérait vivement ses objections. Mais, m`apercevant que la lumière du jour se tamisait tragiquement comme la tombée d`un rideau de théâtre, je faisais fi de ses admonestations par un geste de la main pour le moins invocateur et, je poursuivais inlassablement mes recherches. Je devais retrouver mon "Billy", advienne que pourra!

Seul avec mon fidèle ami parmi cette nature regorgeant de vie, je ne tardais pas à faire la rencontre d`une autre créature des bois. Tout en foulant le sol d`un doux et spongieux tapis de lichens entre des roches Laurentiennes, d`un grisâtre un peu rose aux surfaces arrondies, je fus distrait, cette fois-là, par le martellement d`un Grand pic mâle à la crête rouge écarlate. Bien accroché à la verticale sur le fût d`un bouleau, il s`acharnait avec une opiniâtreté étonnante sur les fruits de ses fouilles. Observant avec stupéfaction les débris de bois virevolter lentement vers le sol comme de gros flocons de neige, je me ravissais immédiatement d`une découverte inattendue. Au pied du tronc se trouvait le collier rouge clair de mon chat et sur lequel son nom y était gravé. Alors rassuré d`être dans la bonne voie, sans plus tarder, je progressais plus profondément entre les arbres longs et serrés.

Tenant précieusement cet indice dans ma main comme une relique, je gardais espoir tant que je n`étais pas certain de faire fausse route. Comme un fauve en quête de nourriture, tous mes sens étaient aux aguets. Les oreilles bien tendues et les yeux grands et ronds, je demeurais alerte quand, par malheur, je remarquais devant moi, au loin dans un chemin tracé parmi des herbes basses, une petite créature à la fourrure rousse, étendue sur le sol sous une fougère à l`autruche. Elle me semblait inerte comme une pierre. J`avais le souffle coupé. Encore une fois, totalement angoissé, je me laissais envahir par des idées morbides à me donner des sueurs froides...

(à suivre...)

Le Chat botté,

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