vendredi, octobre 13, 2006

Le vieux fermier n`était pas complètement mort!

Le temps était de nouveau maussade et pluvieux. J`en étais lasse d`être trempé dès que je me pointais le bout du nez sous un ciel gris et d`avoir les lunettes embuées parce que, de jour en jour, les degrés de chaleur ne cessaient de dégringoler comme un rocher en bas d`une montagne.

Tous mes amis paysans vaquaient à leurs occupations respectives. Jacinthe prenait soin de son grand-père convalescent, Lancelot, mon pote agronome, s`affairait encore dans les champs du matin au soir et Rocky, qui seul à faire l`élevage d`une vingtaine de vaches, était trop débordé pour me recevoir, ne serait-ce que pour piquer un brin de jasette. Alors, avant de broyer du noir pour me transformer en un loup-garou terrifiant, je décidais de faire une randonnée en voiture sur les routes encore colorées de ma campagne.

J`espérais ainsi me libérer de mes pensées moroses, mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Car, en quittant ma colline pour passer devant la ferme des Lamoureux, je fus saisi par quelque chose d`inhabituelle. Dans le petit pâturage face à la maison de "clabord", la vieille jument ruait inlassablement dans le vide. Pour la voir se casser le dos en deux, j`aurais cru que le diable était accroché à sa crinière! Afin de m`enquérir de cette situation inopinée, sans plus tarder, je décidais de m`y arrêter.

Cependant, à peine avais-je un pied sorti de la voiture que j`étais déjà accueilli par "Chausette", la chatte de la maisonnée. Le ventre plat, les yeux exorbités et le poil mal léché, elle me semblait affamée. Pour jeter un coup d`oeil tout autour de moi, il en était de même pour les autres animaux. Dans le poulailler, les poules gloussaient et se bousculaient entre elles pour se picorer nerveusement le bec et, dans l`enclos adjacent, les cochons grognaient bruyamment pour se dévorer la queue en tire-bouchon. Leurs cris me transperçaient la tête comme un poignard! J`en concluais donc, de par mes observations, que Jacinthe avait un tant soit peu négligé les soins et l`entretien de tous les animaux de la basse-cour. Alors, pour remédier à ce désastre, sur-le-champ, je me mettais à la tâche...

Les travaux allaient bon train malgré mon inexpérience. Après avoir nourri tous les animaux, râclé le fumier qui s`était accumulé autour des mangeoires et des abreuvoires, et étendu de la paille fraîche dans l`étable, je vis Jacinthe se déplacer lentement dans le jardin comme une vieille tortue. Avec un regard vide, les joues creuses, et les cheveux écrasés par l`oreiller, elle me faisait penser à une revenante qui insistait pour rester sur terre!

(à suivre...)

Le Chat botté,

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