lundi, octobre 02, 2006

De mauvais présages

Durant toute la journée, je fus agité et mes nerfs étaient à fleur de peau. Je ressentais dans mon for intérieur une drôle d`impression, comme celle qui vous annonce un danger imminent... Seul, comme un lion en cage, je faisais les cents pas dans ma grande cuisine tout en me broyant les tripes. La tension avait monté en moi comme la lave d`un volcan. Pour avoir déjà vécu ce genre d`expérience, je savais que quelque chose de pourri se préparait. Mais, de quel malheur pouvait-il s`agir? Je n`en avais aucune idée et ce fut la raison de mon instabilité et de mon désarroi.

Les secondes et les minutes me paraissaient aussi longues que les heures et les journées. Pour me détendre, je me grillais un petit cigare. Mais, étrangement, son goût n`était plus le même. Il me semblait, à ce moment-là, complètement insipide. De même pour ma boisson préférée, le Whisky sur glace. Rien à la portée de la main ne pouvait donc me calmer si ce n`est à faire le vide en moi. Assis sur le rebord de mon lit, je fixais, à travers une petite fenêtre à carreaux, un ciel bleu nuit étoilé à l`horizon de ma forêt d`épinettes et de feuillus.

Les heures à venir me furent des plus pénibles. Je me réveillais souvent, le haut de mon pyjama remonté jusqu`au cou et le bas, baissé jusqu`aux genoux... Les fesses et la poitrine à découvert, et le front inondé de sueur glacée; j`avais dû somnoler comme un gamin terrorisé par un cauchemar! Allongé de travers sur un lit en bataille, je me retournais sans cesse d`un côté à l`autre comme le tambour d`une machine à laver. Si quelqu`un avait veillé auprès de moi, il aurait sans doute constater avec stupeur que je suis un type étrange qui, dans un sommeil agité, expulse ses tensions par des cris morbides et des gestes brusques et inattendus... Je le sais parce que c`est pour cette raison que ma dernière flamme m`a quitté!

Après avoir passé une nuit longue et mouvementée, à l`heure où le coq chante pour réveiller tout le voisinage, "Billy", mon chaton, bondissait sur mon corps meurtri, fourbu. Le ventre vide, le pauvre petit me murmurait à l`oreille une douce musique tout en me chatouillant le lobe de délicates, chaudes et rugueuses lichettes. Alerté par ce signal des plus invocateurs, "Cliffette", mon pitou, ne tardait pas, lui aussi, à se pointer le bout du museau pour répandre sa bave suave tout le long de mon bras pendant.

Le levé me fut plus difficile qu`à l`accoutumé. Cela me demandait non seulement une performance physique, mais aussi psychologique. Le dos voûté, les jambes flageolantes et les bras cassés, les paupières lourdes, la vision trouble et bien sûr, la gorge enrouée, je me traînais les pieds, comme une recrue forcée. J`aurais donné toute ma fortune pour rester allonger encore quelques instants... Quand, au moment où je m`apprêtais à mettre le pied sur la première marche de l`escalier pour me rendre au rez-de chaussée, j`entendis un cri discordant, aigu et strident venant de l`extérieur.

(à suivre...)

Le Chat botté,

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