mardi, octobre 24, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 4)

Je ne voulais me convaincre de l`inévitable par peur d`être affligé d`une blessure inguérissable. Accroupi comme un tailleur, je l`appelais sans relâche. Mais, toutes mes tentations demeuraient veines même si je restais accroché à l`envie de le caresser de nouveau dans mes bras. Il me semblait ne plus y avoir un brin de vie sous la fougère. La gorge nouée et le coeur serré, j`éprouvais d`abord de la colère envers ce chaton salutaire. Par la suite, dès lors trahi par son départ prématuré, je me rendais coupable de l`avoir laissé gambader librement dans cette forêt dangereuse regorgeant de prédateurs plus terrifiants les uns que les autres.

Pour ressentir subitement des fourmis dans les jambes, je devais inévitablement me faire à l`idée de sa mort. J`avançais lentement sur la pointe des pieds pour ensuite écarter délicatement de mes mains les longues frondes, pennées et dressées à la retombante, et à mon grand soulagement, je constatais qu`il s`agissait de la carcasse d`un jeune renard commun. Tout en reprenant mon sang-froid malgré cette triste découverte, je me persuadais moi-même de retrouver mon ami, sain et sauf.

Il faisait de plus en plus sombre et de plus en plus froid. Une brume légère, opaque et humide à me donner des frissons s`élevait subtilement du sol. Tantôt surexcité pour halener toutes les odeurs sur son passage, mon chien se faisait dès lors discret pour me talonner de prêt... Déambulant comme une chimère recherchant inlassablement l`objet de sa convoitise, j`étais désormais désemparé comme un gamin perdu. Sans plus de points de repères, la forêt se fit gourmande. Seuls avec mon cabot poltron, nous étions les étrangers dans un monde inconnu et mystérieux.

Ni voyant plus rien pour me retrouver dans le fond de la gueule d`un loup, je me risquais tout de même à me déplacer tout en taponnant maladroitement de mes mains tous les objets dont je ne pouvais discerner. Mais, m`ayant hasardé que d`une semelle, je trébuchais sur une souche d`arbre pour aussitôt me retrouver allongé sur mon plat ventre, la bouche immaculée de terreau au goût insipide. Sur le coup, pour me dresser les cheveux sur la tête, j`entendis un tumulte de longs gémissements, de grognements et de cris aigus retentissant de toute part et s`élevant jusqu`au ciel obscur à la noire épouvante. Au même moment, mon chien "Cliffette" déguerpissait au loin. «Reste icitte, maudit clebs!», lui criais-je à gorge déployée.

(à suivre...)


Le Chat botté,

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