samedi, octobre 28, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 7)

La chouette s`était déposée agilement comme un fantôme sur une branche tordue à l`horizon d`un quart de lune. Bien agrippée dans la chair de l`arbre, elle me repéra aisément grâce à ses yeux grands, ronds et perçants. J`avais la conviction qu`elle se prévalait avec impudicité, un droit de regard sur le jardin secret de ma grande pusillanimité... Devant cet ange révolté, je me sentais dépourvu, mis à nu. Mais, pour me douter que je vivais mes derniers moments pour mourir bientôt comme un innocent agneau sur l`autel de la croix, dans mon inertie, j`admirais encore une fois le firmament qui s`était soudainement éclairci. À ce moment-là, il me paraissait plus beau que jamais. Comme un cadeau du ciel, tout scintillait de mille feux dans un fondement bleuté.

Étant contemplatif et empreint de sérénité pour en saisir l`esprit de ces lieux, un autre craquement sinistre résonnait subitement tout près de moi pour que je quitte dès lors mon état de béatitude. Mais, à peine n`eus-je le temps de prendre conscience du danger que je courais pour trembler à nouveau de la guibolle qu`aussitôt un cerf de Virginie au panache grandiose apparaissait devant moi en lisière de la clairière. Alors qu`il s`avançait lentement avec hésitation tout en agitant nerveusement sa queue et ses longues oreille, je m`émerveillais devant sa puissance, sa grâce et sa délicatesse que sont ses attributs. J`étais aussi impressionné qu`un p`tit cul incrédule devant son précieux G.I. Joe!

Dès lors détendu et sécurisé comme si je me retrouvais dans les bras d`un être cher, je compris à cet instant que je pouvais être à la fois fort et délicat de nature comme cette créature aux yeux doux entourés d`un halo blanc. J`étais un homme qui pouvait vivre des sentiments de peur et de tristesse sans que ma virilité en soit atténuée pour toujours. Ces peurs qui minaient alors ma vie m`étaient devenues révélatrices d`une forme de vie créatrice. De par leurs contacts dans un environnement hostile et en les surmontant, je refaisais ma vie en décelant mes faiblesses et en redécouvrant mes forces. J`avais réussi à combatre le malin génie qui s`était caché en moi pour retrouver la paix. Je fixais toujours cet animal bienfaisant quand, après s`être incliner la tête avec adresse comme un serviteur devant son maître, il bondissait avec souplesse et de façon élégante parmi des arbustes pour s`en retourner d`où il venait.

Le soleil ne tardait pas à se lever au chant du coq. Et, dès que je pus discerner mon paysage parmi les ombres de l`aurore, je reconnus non loin le sentier pédestre situé tout près de la limite de mon terrain. Sapristi! J`avais déambuler tout ce temps pour me retrouver malgré moi tout près de mon point de départ... Cependant, même si cette forêt me fut tantôt gourmande pour être par la suite généreuse, je me remémorais la raison pour laquelle je m`eus égaré. Je n`avais toujours pas retrouvé "Billy", mon chaton. Fatigué pour mourir, je décidais néanmoins d`aller me coucher pour poursuivre ultérieurement les recherches quand, au pied de ma colline, je vis "Clifette" courir vers moi la gueule grande ouverte et la langue pendante suivi de loin par mon p`tit fugueur aux poils ébouriffés. Une nouvelle journée d`automne commençait...

Le Chat botté,

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