Soudainement, un vent violent se soulevait. Encore simplement vêtu de mon pyjama en flanelle de coton, je croyais le perdre tellement que la pression était forte. Légèrement arqué vers l`avant et toujours immobile, je tentais de résister de toutes mes forces devant cette nature déchaînée pour finalement culbuter sur le sol comme un feuille morte d`automne propulsée par un souffleur!
Aussitôt, mes inquiétudes se transformaient en panique. Mes deux fesses étaient ankylosées et je grelottais comme au fort de l`hiver. Sans plus tarder, de grosses gouttes de pluie, semblables à des clous, me tombaient dessus. Les éclairs s`abattaient avec acharnement pour déchirer le ciel d`encre noire et le tonnerre résonnait si fort que tout mon corps sursautait d`effroi. Affolé comme un fauve pris au piège, je me levais et me frottais énergiquement le postérieur, pour finalement m`éloigner de cet endroit maudit. Le trajet me paraissait terriblement long. Je broyais du noir comme un vache qui rumine! Mes pas devenaient lourds et lents au fur et à mesure que je m`approchais de la vieille maison.
À quelques semelles de la véranda des Lamoureux, je restais figé, les deux pieds nus dans une marre d`eau, sous une pluie froide et diluvienne. J`en étais complètement trempé et aveuglé! Me protégeant la vue à l`aide de mes deux mains, j`entrevoyais devant moi, dans l`ombre, une silhouette au teint plus blanc qu`un drap javellisé. J`avais la chair de poule comme si un fantôme m`était apparu! Je me demandais ce qu`il était survenu chez les Lamoureux...
Tremblant de tout mon corps, j`hésitais un instant avant de grimper rapidement les trois marches du perron la tête baissée. Aussitôt immobilisé devant Jacinthe, je constatais avec stupeur qu`elle avait le regard vide, perdu. Ses yeux étaient humides et tristes, elle semblait avoir pleuré. Sans même que j`eus le temps d`ouvrir la bouche pour souffler un mot, elle me dit d`une voix d`outre-tombe: «Grand-Pa est gravement malade...».
D`une certaine façon, j`étais soulagé de la nouvelle. Il n`était pas mort, du moins pas pour l`instant... La grande faucheuse pouvait encore attendre! Mais, voyant ma pichounette aussi désemparée et impuissante qu`une petite orpheline, j`en avais le coeur serré. Je l`entrelaçais aussitôt contre ma poitrine pour la caressser doucement d`une main réconfortante. La gorge nouée de chagrin, je lui chuchotais tendrement à l`oreille: «Chérie! Je suis là, avec toi et pour toujours...».
Le Chat botté,
jeudi, octobre 05, 2006
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