mercredi, octobre 25, 2006

Perdu dans ma tourmente (Partie 5)

Alors abandonné à moi-même dans ce trou à rat, je sentis rapidement la peur m`envahir. J`eus l`impression de nager dans les eaux troubles sans bouée de sauvetage. Tremblant comme un mouton et inondé d`une sueur froide, je me recroquevillais dans le creux d`un tronc d`arbre en serrant fort de mes bras mes genoux sur ma poitrine. Je tentais de faire le vide en moi par peur de basculer dans l`horreur d`une panique incontrôlable. Mais, c`était inutile! Car, je me sentais déjà habité par une âme inconnue qui me rendait peu à peu étranger à mon corps.

Aucun bruit ne venait troubler mes oreilles fragiles sinon le vent qui sifflait ses plaintes confuses. Même si j`étais tendrement enveloppé dans la douceur d`un lit de mousse prodigieuse installée à l`intérieur de ce tronc, je tentais de garder l`esprit pour demeurer alerte. Mais, voyant que je résistais toujours pour combattre comme un condamné à mort qui refuse de mourir sous la main agile d`un bourreau, un malin génie s`amusais à mes dépends. Sans que je le veuille, des pensées venaient cruellement me troubler. Je revivais alors cette angoisse dévastratrice que je ressentais étant gamin seul dans le noir de ma chambre où je me persuadais fermement de la présence d`un monstre infâme, laid et dangereux sous ma couchette qui venait me terrifier que par simple plaisir.

Le temps me semblait s`éterniser ou ne plus être. Les yeux fermés, je m`efforçais de chasser à jamais ces horribles pensées en me remémorant de bons moments passés en compagnie de mes amis, Lancelot et Jacinthe, quand pour en déchirer cette quiétude d`un semblant réconfort, un hurlement de tous les démons se fit entendre. N`étant plus capable de garder les yeux clos, la surprise me forçant à les ouvrir grands et ronds que j`aperçus devant moi, à peine quelques doigts de ma carcasse bonne à dévorer, deux yeux en amandes jaunâtres d`une bête qui m`observait sournoisement dans un brouillard devenu tragiquement dense. Je ne pouvais distinguer ses formes pour me faire une idée de sa nature. Cependant, son souffle pestilentiel et son bruit sourd et menaçant d`arrière-gorge m`anéantissaient sur le coup pour que toutes mes fonctions vitales en soient troublées sous l`effet d`un choc émotionnel intense.

J`étais convaincu que mon heure avait sonné. Quelqu`un avait cassé le sablier de ma vie! En prêtant l`oreille avec effroi sur le déplacement de cette chose redoutable tout autour de moi, par sa respiration haletante et le bruissement délicat de ses coussinets plantaires sur les végétaux défraîchis jonchant abondamment le sol, j`attendais avec stupeur le coup de grâce de sa gueule sans doute béante aux crocs acérés.

(à suivre...)

Le Chat botté,

Aucun commentaire: