samedi, octobre 21, 2006

Perdu dans ma tourmente

Voilà deux jours que je passais mes journées entières à m`occuper sur la ferme des Lamoureux. Afin de permettre à ma mignonne de récupérer le plus rapidement possible de son état lamentable à me faire pleurer comme un gamin perdu, je la remplaçais dans ses corvées quotidiennes. Lancelot s`était spontanément offert pour me donner un coup de main.

Tôt le matin, en arrivant, je nourrissais les animaux, veillais à leurs soins et après quoi, je nettoyais l`étable pendant que mon pote trayait les mamelles des vaches. Sans pour en être convaincu, tout me semblait rouler comme sur des roulettes! Par la suite, je concoctais pour tous de bons repas à la marmithe avec des aliments consistants et pleins de santé. Ragaillardi, le grand-père, qui n`était plus cloué à son lit par la maladie, ne rechignait jamais une deuxième grande assiette, bien remplie jusqu`au rebors, sous le regard enjoué de Jacinthe et de Lancelot. Pour prêter l`oreille aux gargouillements de son ventre, j`avais la quasi certitude que le sympathique vieux fermier ne se privait de rien!

Le soir venu, juste avant le coucher du soleil, après m`être rassuré du bien-être de chacun, je m`en retournais chez moi sur la colline quand, j`aperçus "Billy", mon chaton, quitter le pâturage des Lamoureux pour traverser lentement l`effroyable route de campagne parsemée de petits cadavres. Surpris qu`il se soit aventuré si loin de son chez-soi, je tentais de l`attirer par de doux sifflements rappelant ceux d`une souris en rut, mais peine perdue! Le p`tit fugueur s`arrêta un instant pour me regarder, agita nerveusement sa queue, puis poursuivait nonchalemment son chemin. Peut-être me faisait-il la tête pour l`avoir un tant soit peu abandonné? Quoi qu`il en soit, pour ressentir aussitôt un frisson qui roulait tout le long de mon échine, je me dépêchais de rentrer chez moi afin de me réchauffer.

Avant de rentrer pour m`évacher comme un pacha devant un doux, chaud et crépitant feu de bois, les doigts de pieds en éventail dans l`âtre du grand foyer, j`en profitais pour m`approvisionner de quelques bûches d`érable quand, pour me faire frémir de peur, j`entendis un tapage infernal venant des profondeurs du sous-bois. Immédiatement, je vis une volée de petits oiseaux s`élever dans le ciel. Parmi les bruits de battements d`ailes et des gazouillements, j`aurais cru entredre un mélange de cris, de gémissements et de grognements. Un dragon à sept têtes crachant tous les démons de ses entrailles ne m`aurait pas autant fait sursauter! Puis, un silence de mort planait sournoisement pour m`inquiéter... J`attendis quelques instants comme pour me rassurer, les sens aux aguets, lorsqu`un miaulement rauque et aigu me transperçait les oreilles. Aussitôt, je reconnus le cri de détresse de ma p`tite boule d`Amour.

(à suivre...)

Le Caht botté,

Aucun commentaire: